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Sur la PPL d’abrogation de la réforme des retraites, Liot et le gouvernement s’affrontent à distance

POLITIQUE - Débats sur le débat. Les opposants à la réforme des retraites et le gouvernement n’en finissent plus d’échanger menaces, accusations et autres quolibets, en marge du parcours législatif de la proposition de loi du groupe Liot visant à revenir sur le texte phare d’Emmanuel Macron et son impopulaire couperet à 64 ans.

Dernier épisode en date : Éric Coquerel, le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, a jugé la proposition d’abrogation « recevable » ce mardi 30 mai, et donc conforme à la Constitution, au grand dam du camp présidentiel. Depuis, le porte-parole du gouvernement et plusieurs pontes de la majorité redoublent d’attaques, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

Les groupes Renaissance, MoDem et Horizons se sont immédiatement fendus d’un communiqué pour dénoncer une « atteinte grave à nos institutions ». Le député François Cormier-Bouligeon va même jusqu’à accuser Éric Coquerel de « violer la Constitution » en lui demandant de démissionner, tandis qu’Olivier Véran a tout fait, au sortir du Conseil des ministres, pour balayer l’avis de l’insoumis.

Le rouge et le bleu, par Olivier Véran

« Ce n’est pas parce que quelqu’un vous dit qu’un objet rouge est devenu bleu qu’il est devenu bleu pour autant », a ainsi expliqué le porte-parole du gouvernement en marge du Conseil des ministres ce mardi, tout en martelant que la proposition de loi n’est « pas constitutionnelle », en dépit de la décision rendue par Éric Coquerel, et en expliquant être « attaché à la séparation des pouvoirs. » Ça va mieux en le disant.

Peu avant, la présidente de l’Assemblée nationale a elle-même repris de volée l’attitude du chef de la commission des Finances, en expliquant qu’il s’était trop répandu dans la presse, et qu’il s’apprêtait à rendre une décision politique, et non juridique. Un argument repris en boucle par les macronistes depuis que l’insoumis a officialisé sa décision. « Il ne doit pas y avoir de débat », a-t-elle notamment confié, laissant peu de place aux doutes quant au devenir du texte.

En face, les opposants à la réforme dénoncent les manœuvres du camp présidentiel pour faire capoter le texte avant même qu’il soit discuté dans l’hémicycle. L’abrogation aurait de bonnes chances d’être votée si elle arrivait en séance.

« Je trouve un peu paradoxal que l’exécutif se mêle à ce point d’une décision purement parlementaire », a par exemple pesté Éric Coquerel mardi lors d’un point presse, après avoir dénoncé dans une tribune au Monde les nombreuses « pressions » dont il estime avoir été l’objet.

« Une très très grande gravité »

Sur le même ton ce mardi, Bertrand Pancher, le chef du groupe Liot – à l’initiative de ce texte – dénonçait lui aussi les « pressions » subies par certains de ses députés, et la présidente de l’Assemblée nationale.

« On voit bien que Yaël Braun-Pivet est mise en difficulté avec des pressions inavouables de sa majorité relative », a-t-il ainsi lancé sur Public Sénat, en racontant que la titulaire du Perchoir a expliqué, sur France 2, « le contraire » de ce qu’elle avait avancé « il y a quinze jours, devant les présidents de groupe. »

Le président du groupe Liot a d’ailleurs mis en garde la macronie sur ce qui pourrait être sa dernière cartouche pour torpiller le texte : il se murmure en effet que le camp présidentiel pourrait essayer de vider le texte de sa substance en commission, pour obliger les pourfendeurs de la retraite à 64 ans à déposer un nouvel amendement avant que la loi arrive dans l’hémicycle. À ce moment-là, Yaël Braun-Pivet aurait la main pour déclarer « recevable », ou non, les nouvelles mesures avancées.

« Si c’est leur stratégie, c’est d’une très très grande gravité, a ainsi soufflé Bertrand Plancher. « Cela veut dire que demain seuls des textes de la majorité pourront être présentés avec des incidences financières et pas les textes de l’opposition… Je ne sais pas si on se rend compte où on marche. »

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