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Powell adopte le style Yellen, selon Invesco

PARIS (Reuters) - Jerome Powell, qui vient de surprendre les marchés en sonnant la fin du resserrement monétaire aux Etats-Unis, se rapproche du style de Janet Yellen, à laquelle il a succédé à la tête de la Réserve fédérale américaine, estime Kristina Hooper, responsable de la stratégie de marché chez Invesco.

Le président de la Fed, entré en fonctions en février 2018, a longtemps été critiqué pour ses tâtonnements et son acharnement à relever les taux d'intérêt.

Tout a changé le 20 mars dernier lorsque la Fed a annoncé qu'il n'y aurait aucune hausse de taux cette année et qu'elle arrêterait la réduction de son bilan en septembre.

"C'est une volte-face par rapport au discours que le même Powell tenait fin 2018, lorsqu'il insistait sur la nécessité de continuer à relever les taux", fait remarquer Kristina Hooper.

Certains analystes ont accusé le patron de la Fed d'avoir cédé à la pression des marchés et de Donald Trump, adversaire déclaré de la hausse de taux, mais l'experte d'Invesco n'est pas de cet avis.

"Powell n'a pas cédé à la pression de Trump mais plutôt à celle des membres du comité de politique monétaire de la Fed qui sont sur la même ligne que celle défendue naguère par Janet Yellen, à savoir une évolution des anticipations en fonction des indicateurs", dit-elle.

Kristina Hooper, qui ne cache pas son admiration pour le style Yellen, cite notamment l'influence en la matière de Richard Clarida, le vice-président de la Fed.

"C'est un économiste réputé et influent qui a pu contribuer à convaincre Jerome Powell de mettre ses pas dans ceux de Yellen", dit-elle.

PAS DE RÉCESSION EN VUE

Le changement de ton de la Fed a contribué à des mouvements spectaculaires sur le marché obligataire avec une brève inversion de la courbe des taux américains à 3 mois et 10 ans, un signe souvent interprété comme le signe avant-coureur d'une récession.

"Une telle inversion annonce en effet généralement une récession mais à condition que la courbe reste inversée durablement, ce qui n'a pas été le cas en l'occurrence", tempère Kristina Hooper.

"Il y a en outre un délai entre l'inversion et l'arrivée d'une récession, qui est de 21 mois en moyenne pour les cinq dernières récessions", ajoute-t-elle.

Pour elle, l'inversion récente pourrait signaler un ralentissement économique mais pas nécessairement une récession.

La stratège d'Invesco se dit ainsi relativement optimiste pour l'économie américaine cette année, prévoyant une croissance légèrement inférieure à 2%.

Quant à la Fed, elle semble maintenant équipée pour faire face à la menace d'une récession grâce à l'approche plus réactive de son président, dit-elle.

Les traders obligataires sont désormais majoritairement convaincus que la banque centrale américaine baissera ses taux avant la fin de l'année.

Kristina Hooper n'y croit pas trop.

"Plutôt en 2020, selon moi", dit-elle.

(Patrick Vignal, édité par Blandine Hénault)