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Pouvoir d'achat: pourquoi Éric Zemmour n'en parle pas

Éric Zemmour lors de sa conférence à Lille Grand Palais, samedi 2 octobre.  - BFMTV
Éric Zemmour lors de sa conférence à Lille Grand Palais, samedi 2 octobre. - BFMTV

Face à la hausse des prix de l'énergie, le pouvoir d'achat agite tous les candidats à la présidentielle. Tous... sauf un: Éric Zemmour. Une façon pour l'essayiste de se placer au-dessus de la mêlée.

"Le pouvoir d’achat j’en parle, les Français se sont appauvris (...) mais moi, je vois plus loin, c’est ça la présidentielle. La présidentielle ce n’est pas parler de l’énergie en disant 'je vais mettre un euro ici, 12 euros-là' comme certains, non la présidentielle ce n’est pas ça ", a estimé l'ancien journaliste ce mercredi matin, en marge d'un déplacement au salon Milipol, à Villepinte.

Son positionnement peut étonner, alors que le coût de la vie est la première préoccupation des Français, très loin devant l'immigration et la sécurité, d'après un sondage Elabe pour BFMTV publié ce mercredi.

Rester sur l'immigration

Parmi les proches d'Eric Zemmour, on assume.

"Evidemment qu'il s'y intéresse. On voit que ce qui fait que les prix de l'électricité augmentent aujourd'hui, ce sont les délires des écologistes qui font fermer des centrales nucléaires et qui nous empêchent d'avoir notre indépendance énergétique. Si ce ne sont pas des enjeux civilisationnels comme ceux-là qu'aborde Zemmour, je ne sais pas ce que c'est", juge Sébastien Meurant, sénateur LR du Val d'Oise et soutien du polémiste auprès de BFMTV.com.

La stratégie de l'écrivain est claire: ne pas se faire imposer son agenda par les autres candidats et rester sur le récit qu'il maîtrise, celui de l'immigration.

"L'immigration est le sujet qui rassemble au détriment de tous les autres. 'Les autres combats nous font plutôt perdre. Il faut avancer sur ce sujet, c'est la bonne tactique' a-t-il indiqué à ses proches", explique Matthieu Croissandeau, éditorialiste politique de BFMTV.

Se protèger des attaques

Sur les bancs de la droite, on estime que ce positionnement a le mérite pour l'ancien journaliste d'éviter de prendre des coups.

"Son idée, c'est de tout faire pour se placer au-dessus de la mêlée des autres candidats. Zemmour estime que s'il se met à avoir un catalogue de propositions, on pourra lui poser des questions précises. Il va faire une campagne avec 3 ou 4 propositions et laissera les autres candidats rentrer dans le dur. Il n'y a rien à attaquer quand on refuse de rentrer dans le fond", juge un ancien ministre LR qui connaît bien le polémiste.

Zemmour-Le Pen, deux tactiques

Du côté du RN, alors que Marine Le Pen est mise en difficulté, on se réjouit de ce positionnement. Eric Zemmour a dit ce week-end qu'il n'était pas là pour parler de l'urgence du pouvoir d'achat (...) c'est une réflexion de millionnaire", a fustigé le président du Rassemblement national Jordan Bardella au micro de BFMTV-RMC ce mercredi.

"Il y a d'un côté une candidate qui rencontre quotidiennement les Français et de l'autre, visiblement, quelqu'un qui ne s'y intéresse pas. Ca en dit long sur la vision d'Éric Zemmour sur les personnes qui vivent en zone périurbaine et qui ne peuvent pas se passer de leur voiture", estime quant à lui Philippe Ballard, porte-parole du parti.

Plus largement, les deux personnalités adoptent chacune un positionnement et des choix de campagnes très différents.

"Il va se consacrer aux idées pour radicaliser les mécontentements. Elle se veut plus rassembleuse au risque de se radicaliser. Lui considère qu'une campagne, c'est d'abord un grand récit. Elle considère que c'est plutôt un programme", analyse Matthieu Croissandeau.

Les derniers sondages placent Marine Le Pen et Eric Zemmour au coude-à-coude.

Article original publié sur BFMTV.com