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Poutine et Zelenski à Paris pour conforter les avancées en Ukraine

POUTINE ET ZELENSKI À PARIS POUR CONFORTER LES AVANCÉES EN UKRAINE

par Marine Pennetier et John Irish

PARIS (Reuters) - Pour la première fois depuis 2016, les présidents russe et ukrainien se retrouvent lundi à Paris pour une réunion en "format Normandie" sous médiation franco-allemande afin de conforter les avancées destinées à parvenir à un règlement du conflit vieux de plus de cinq ans dans l'est de l'Ukraine.

"Il n'y a plus eu de réunion à ce niveau dans ce format depuis trois ans, donc il se passe quelque chose", veut-on croire dans l'entourage d'Emmanuel Macron qui recevra dans l'après-midi son homologue russe Vladimir Poutine, l'ukrainien Volodimir Zelenski et la chancelière allemande Angela Merkel à l'Elysée.

"Nous espérons et nous nous attendons à ce que cette rencontre donne une autre impulsion au processus de paix", indique de son côté une source gouvernementale allemande à Berlin. "A quel point? C'est difficile de le dire avant."

Quelque 13.000 personnes ont été tuées depuis le printemps 2014 dans le conflit qui oppose dans l'est de l'Ukraine les forces ukrainiennes à des combattants séparatistes pro-russes à la suite de l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie.

Conclus en 2015 pour régler le conflit, les accords de Minsk sont en grande partie restés lettre morte en dépit des efforts déployés par Berlin et Paris mais des signaux d'ouverture se sont multipliés ces derniers mois, laissant espérer une reprise des pourparlers entre l'Ukraine et la Russie.

En septembre, les deux pays ont échangé 70 prisonniers - 35 de chaque côté - dont 24 marins ukrainiens dont les navires ont été arraisonnés en novembre 2018 après être entrés, selon Moscou, dans les eaux territoriales russes.

"LA MÉTHODE ZELENSKI A FONCTIONNÉ"

Depuis juin, des retraits de troupes ont également été constatés dans plusieurs secteurs situés le long de la ligne de front dans la région du Donbass, sous la supervision des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Depuis que Volodimir Zelenski est arrivé au pouvoir à Kiev en succédant à Petro Porochenko, dont les relations étaient notoirement compliquées avec Vladimir Poutine, "il y a une nouvelle dynamique dans les discussions visant à appliquer les accords de Minsk", estime une source gouvernementale allemande.

"Il faut constater que la méthode du président Zelenski qui consiste à ouvrir le jeu et donc à obtenir des Russes un changement de posture a plutôt fonctionné", abonde-t-on à l'Elysée.

Pour autant, l'heure est à la prudence dans les quatre capitales tant le fil du dialogue est fragile et la marge de manoeuvre étroite compte tenu des contraintes de politique intérieure à Kiev comme à Moscou.

"Si on commence à discuter des vraies questions politiques, militaires et des questions de sécurité", notamment sur le statut du Donbass ou des élections locales, les deux dirigeants "n'ont pas beaucoup de marge de manoeuvre", souligne un haut diplomate français.

Proposée en 2016, la "formule Steinmeier", qui prévoit l'octroi d'un statut spécial provisoire aux "Républiques populaires" autoproclamées de Donetsk et de Louhansk, dans le Donbass, et l'organisation à brève échéance d'élections locales, est contestée par une partie de la population ukrainienne qui y voit une capitulation face à Moscou.

"Zelenski va se heurter à deux murs", estime l'ancien haut diplomate russe Vladimir Frolov. "L'un à Paris et l'un après le sommet - le mur de l'intransigeance russe et le mur de l'opinion publique en Ukraine opposée à des compromis humiliants avec la Russie".

(avec Andreas Rinke à Berlin, Matthias Williams à Kiev et Tom Balmforth à Moscou, édité par Bertrand Boucey)