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Poutine reproche aux Occidentaux de chercher à contenir la Russie

Vladimir Poutine a estimé jeudi que les sanctions occidentales contre la Russie visaient à contenir son pays mais que la pression exercée par l'Occident cesserait lorsque ses dirigeants auront compris qu'elle est contre-productive. /Photo prise le 7 juin 2018/REUTERS/Sputnik/Mikhail Klimentyev

par Christian Lowe et Gabrielle Tétrault-Farber

MOSCOU (Reuters) - Les sanctions contre Moscou visent à contenir la Russie mais toute cette pression cessera lorsque les dirigeants occidentaux auront enfin compris qu'elle est contre-productive, a estimé jeudi Vladimir Poutine.

Le président russe s'exprimait en direct à la télévision à l'occasion de son intervention annuelle en questions-réponses avec les téléspectateurs.

"Les sanctions, a-t-il dit, sont un moyen de contenir la Russie."

Les diverses allégations portées contre Moscou, accusée entre autres choses d'ingérence dans des processus électoraux, notamment aux Etats-Unis, et dans l'empoisonnement d'un ancien agent double russe en Grande-Bretagne, s'inscrivent dans le même projet, a-t-il ajouté.

Les Occidentaux, a poursuivi le président russe, considèrent la Russie comme une menace et un concurrent. Mais leur approche est erronée: il n'est nul besoin de contenir la Russie.

"Au lieu de contenir qui que ce soit, il vaudrait mieux mettre en place une coopération constructive, alors l'effet global sur l'économie mondiale serait positif", a-t-il dit.

"Nous pensons que la mise en oeuvre unilatérale de tous les types de sanctions ne règle pas les problèmes, cela ne fait que les aggraver."

Interrogé sur les droits de douane récemment imposés par les Etats-Unis sur les importations d'acier et d'aluminium, le président russe a souligné qu'il avait mis en garde dès 2007 à Munich les Européens contre le risque de voir Washington imposer sa loi aux autres pays.

"JE VOUS L'AVAIS BIEN DIT"

Mes avertissements ont été ignorés et l'Europe en paie aujourd'hui le prix, a-t-il dit.

"Il semble que nos partenaires pensaient qu'ils ne seraient jamais concernés par cette politique contre-productive de restrictions et de sanctions. Mais maintenant nous voyons ce qui se passe."

"Personne ne voulait m'entendre et on n'a rien fait pour empêcher que cela arrive. Eh bien, voilà, je vous l'avais bien dit, vous êtes frappés à votre tour. Le dîner est servi, asseyez-vous et mangez !", a poursuivi Vladimir Poutine.

Il a aussi accusé les Etats-Unis de remettre en cause l'équilibre nucléaire et a appelé en ce domaine à la plus extrême prudence. "Il faut bien comprendre qu'une troisième guerre mondiale pourrait signifier la fin de la civilisation et cela doit inciter tout le monde à la retenue."

Il a mis en garde le gouvernement de Kiev, l'invitant à ne pas profiter de la Coupe du monde de football en juin et juillet en Russie pour prendre des initiatives militaires contre les séparatistes dans l'est de l'Ukraine.

"J'espère qu'il n'y aura aucune provocation mais si ça se produit, cela aura des conséquences très graves pour l'Etat ukrainien", a-t-il dit.

Evoquant la situation économique, le président a jugé que le pays allait "dans la bonne direction". Il a reconnu que la croissance était modeste mais a promis qu'elle deviendrait plus robuste avec le temps. La banque centrale russe prévoit une croissance économique s'établissant entre 1,5 et 2% du PIB cette année.

Vladimir Poutine a par ailleurs prévenu que son pays continuerait de défendre ses intérêts, évoquant notamment la communauté russophone des Etats baltes.

(Avec Polina Nikolskaya, Polina Ivanova, Denis Pinchuk, Vladimir Soldatkin, Tom Balmforth, Maria Tsvetkova, Katya Golubkova, Daria Korsunskaya, Maria Kiselyova, Polina Devitt; Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)