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Poutine reçoit le soutien de Tsipras contre les sanctions

ATHENES (Reuters) - Le président russe Vladimir Poutine, en visite à Athènes, a déclaré vendredi soir qu'il n'y aurait aucune discussion sur le statut de la Crimée, la péninsule ukrainienne annexée par Moscou en mars 2014. "Pour ce qui concerne la Crimée, nous considérons que cette question est à jamais refermée", a-t-il dit lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre grec, Alexis Tsipras. "La Russie ne mènera nulle discussion avec quiconque sur ce sujet", a-t-il poursuivi. L'annexion de la Crimée et le conflit dans l'est de l'Ukraine, où les séparatistes bénéficient du soutien de la Russie, ont conduit à la mise en oeuvre de sanctions contre Moscou, notamment de la part de l'Union européenne. Les Vingt-Huit se prononceront dans quelques semaines sur leur reconduction. L'unanimité est de rigueur en la matière. En retour, la Russie a interdit les importations de produits frais en provenance de la plupart des pays occidentaux et envisage une possible extension de cet embargo. Tsipras, dont le pays fait partie de l'UE, a estimé lors de cette même conférence de presse que les sanctions imposées à la Russie n'étaient pas productives. "Nous avons dit à de multiples reprises que le cercle vicieux de la militarisation, des discours empruntés à la Guerre froide et des sanctions n'était pas productif. La solution est dans le dialogue", a-t-il dit. "Chacun admet qu'il ne peut y avoir d'avenir pour un continent européen où l'Union européenne et la Russie seraient engagées dans un bras de fer", a ajouté le Premier ministre grec. Les sanctions de l'Union européenne ont été prolongées pour un an l'été dernier et la chancelière allemande Angela Merkel a estimé jeudi, pendant le sommet du G7 au Japon, qu'il était prématuré d'envisager leur levée cet été. Berlin et Paris plaident pour qu'elles soient maintenues jusqu'à ce que l'accord de paix qu'ils ont négocié l'an dernier avec la Russie et l'Ukraine soit totalement mis en oeuvre. Mais l'idée de leur prolongation suscite de plus en plus de réticences au sein des Vingt-Huit, notamment chez certains pays d'Europe centrale et de l'Est. Poutine a également évoqué le projet américain de bouclier antimissile, un autre dossier brûlant du contentieux entre la Russie et l'Occident. Des travaux d'installation sont en cours en Pologne et, depuis peu, en Roumanie. L'armée américaine assure que le projet est un moyen de défense contre l'Iran, et non une menace contre la Russie. Mais Moscou le considère comme un atteinte inacceptable à sa souveraineté. "Si hier les habitants de ces régions de Roumanie ignoraient ce que signifie être dans le collimateur, aujourd'hui, nous serons forcés de mener certaines mesures pour assurer notre sécurité. Ce sera le cas aussi avec la Pologne", a dit le président russe. (Denis Dyomkin et Karolina Tagaris; Nicolas Delame et Henri-Pierre André pour le service français)