Comment Poutine et le Kremlin ont tenté d'influencer les élections législatives de 2024
Le Politoscope est un outil d’observation des dynamiques du Twitter politique français. Il permet de voir circuler tweets et retweets ainsi que les manœuvres de manipulation.
Internet et les réseaux sociaux n’ont pas inventé la manipulation politique ni les opérations d’influence. Mais ils portent ses phénomènes à une échelle inédite, les accélèrent, les industrialisent et facilitent les ingérences étrangères. Le mathématicien David Chavalarias, directeur de l’Institut des Systèmes Complexes de Paris Ile-de-France, a créé en août 2016 le Politoscope pour observer de telles dynamiques au travers de la twittosphère politique française.
Plusieurs travaux ont été menés avec cet outil qui suit les activités de 17 millions de comptes X (ancien nom de Twitter) : la circulation des tweets et retweets, les communautés et sous-ensembles qui se créent, interagissent ou au contraire restent étanches les uns par rapport aux autres.
Dans la perspective des élections législatives de juin-juillet 2024 en France, le Politoscope a été utilisé pour montrer comment les dirigeants russes accentuaient les clivages pour mener à un point de rupture ayant pour but, à terme, d'amener au pouvoir un gouvernement plus conciliant envers le régime de Vladimir Poutine.
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Faux recrutement de l'armée
La stratégie est éprouvée et avérée : elle a notamment été utilisée pour faciliter l’accession au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis, pour perturber la campagne pour la présidentielle de 2017 en France, pour rendre impopulaire en Europe le soutien à l’Ukraine.
Les dernières observations font l’objet d’un rapport publié le 30 juin 2024 puis mis à jour début juillet, consultable librement en ligne. Sur Twitter ont ainsi circulé de fausses annonces de recrutement de l'armée française pour aller combattre en Ukraine ou une intox sur l’achat de voix pour voter en faveur du parti Ensemble d’Emmanuel Macron, avec mise en ligne d’un faux site d’Ensemble à l’appui.
L’enjeu n’est pas de créer un effondrement du système politique français mais, grâce aux réseaux, de provoquer un "un délitement progressif qui aboutira à[...]
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