Corée: Pour Moscou, voter lundi sur une résolution serait "prématuré"

Vladimir Poutine a estimé mardi que des sanctions accrues contre la Corée du Nord n'auraient pas d'effet sur l'attitude du régime de Pyongyang et a prôné un "dialogue nécessaire". /Photo diffusée le 5 septembre 2017/REUTERS/Sputnik/Mikhail Klimentyev/Kremlin

NEW YORK/MOSCOU (Reuters) - L'objectif d'une mise aux voix dès lundi au Conseil de sécurité de l'Onu du projet américain de résolution sur la Corée du Nord est "quelque peu prématuré", a estimé mardi le représentant permanent de la Russie aux Nations unies, Vassili Nebenzia. "Je ne pense pas que nous puissions aller si vite en besogne", a déclaré l'ambassadeur à la presse au siège de l'Onu. La représentante des Etats-Unis à l'Onu, Nikki Haley, a dit souhaiter que le Conseil de sécurité passe le 11 septembre au vote sur le projet de résolution américain renforçant les sanctions contre la Corée du Nord, à la suite de son sixième essai nucléaire, le plus puissant jamais effectué par ce pays. La diplomate américaine a réclamé les "mesures les plus fortes possibles" à l'encontre de Pyongyang. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré que Moscou était prêt à étudier le projet de résolution américain à condition qu'il n'aggrave pas les tensions et se concentre sur une solution diplomatique. Quant à Vladimir Poutine, il a estimé mardi que des sanctions accrues contre la Corée du Nord n'auraient pas d'effet sur l'attitude du régime de Pyongyang et il a prôné un "dialogue nécessaire". "ASSURANCE-VIE" Pour le président russe, des sanctions accrues ne changeront pas le comportement de la direction nord-coréenne mais pourraient en revanche conduire à des "souffrances humanitaires". Poutine, qui s'exprimait à l'issue du sommet des BRICS à Xiamen, dans le sud-est de la Chine, a également mis en garde contre "l'hystérie militaire insensée" de la crise autour des programmes nucléaire et balistique de Pyongyang. "La Russie condamne les exercices de la Corée du Nord, nous considérons qu'ils sont une provocation (...) Mais intensifier l'hystérie militaire ne mènera à rien de bon. Cela pourrait mener à une catastrophe globale", a-t-il dit. "Il n'y a pas d'autre voie que la voie pacifique", a-t-il ajouté, estimant qu'adopter de nouvelles sanctions était "une voie sans issue" même s'il s'est dit prêt, sans plus de précision, à discuter de "certains détails". Nombre d'analystes estiment qu'en intensifiant les programmes nucléaires et balistiques, le dirigeant de la République populaire démocratique de Corée, Kim Jong-un, instruit du sort des régimes ayant accepté de renoncer à des programmes d'armement comme l'Irak de Saddam Hussein ou la Libye de Mouammar Kadhafi, cherche à se doter d'une "assurance-vie" à même d'affermir la légitimité et de garantir la survie de son régime. (Michelle Nichols et Andreï Ostroukh; Henri-Pierre André et Eric Faye pour le service français)