"Poutine et Erdogan ont l’ambition commune de restaurer une puissance passée"

Directeur du programme de recherche pour la Turquie au Washington Institute for Near East Policy, Soner Cagabtay décrypte la relation complexe entre Poutine et Erdogan, acteurs clefs en Syrie et en Libye, rivaux ou alliés, amis ou ennemis selon les circonstances.

Paris Match. Dans votre dernier livre « Erdogan's empire » (Ed. I.B. Tauris), vous décrivez comment le président turc a commis deux erreurs en Syrie en laissant passer 30.000 combattants étrangers, djihadistes pour la plupart. Sa première erreur étant de penser qu’il pouvait tenir ces groupes sous sa coupe et la seconde d’espérer ainsi renverser le régime de Bachar el-Assad. Erdogan a-t-il conscience de cet échec ?
Je pense qu’il a conscience que sa stratégie en Syrie n’a pas vraiment marché. Sa politique l’a mis dans une situation de conflit avec ceux qui constituaient jusque récemment les trois principales forces dans cette guerre asymétrique : le régime syrien, les kurdes du YPG-PKK et Daech. La Turquie est aujourd’hui contrainte de trouver un modus vivendi au moins avec l’un des groupes : le régime de Bachar el-Assad. La rencontre cette semaine entre le chef des renseignements turcs et son homologue syrien est à interpréter dans ce sens. On ne doit pas s’attendre à une nouvelle lune de miel entre la Turquie et la Syrie, mais ils se mettront d’accord.

Erdogan est-il prêt à quitter Idlib et reconnaitre la Syrie d’Assad ?
Aujourd’hui, non. Il reste encore une zone grise justement avec la province d’Idlib, une région syrienne administrée par la Turquie. Mais il finira sans doute par le faire.

Soner Cagaptay, chercheur au Washington Institute for near east Pplicy, auteur de "Erdogan's Empire"
Soner Cagaptay, chercheur au Washington Institute for near east Pplicy, auteur de "Erdogan's Empire"

Soner Cagaptay, chercheur au Washington Institute for near east Pplicy, auteur de "Erdogan's Empire" © Washingon Institute (...)
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