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L'offensive saoudienne au Yémen se poursuit

Près de l'aéroport de Sanaa, après un raid aérien. L'Arabie saoudite et ses alliés sunnites au Yémen ont poursuivi vendredi leur offensive aérienne. De nouvelles frappes ont été signalées à Sanaa, la capitale, et dans le nord du pays, la région dont sont originaires les miliciens chiites houthis. /Photo prise le 26 mars 2015/REUTERS/Khaled Abdullah

par Mohammed Mukhashef DUBAI (Reuters) - L'offensive aérienne déclenchée jeudi par l'Arabie saoudite et ses alliés sunnites au Yémen s'est poursuivie vendredi avec de nouvelles frappes, notamment à Sanaa, la capitale, et dans le nord du pays, la région dont sont originaires les miliciens chiites houthis. Le Maroc a annoncé qu'il se joindrait à la coalition mise en place par l'Arabie saoudite au Yémen en fournissant un soutien politique, logistique, militaire et en lien avec le renseignement. Le Pakistan, présenté jeudi par les Saoudiens comme faisant partie de l'alliance, a de son côté dit n'avoir pris aucune décision, tout en assurant le royaume wahhabite qu'il était prêt à le défendre contre toute menace. Un sommet de la Ligue arabe, auquel participera le président yéménite, Abd-Rabbou Mansour Hadi, est prévu ce week-end à Charm el Cheikh, dans le sud de la péninsule égyptienne du Sinaï. Le ministre yéménite des Affaires étrangères, Riyadh Yassine, a estimé sur la chaîne Al Arabiya que l'offensive contre les Houthis serait plutôt une question de jours que de semaines. A Sanaa, que la milice chiite contrôle depuis le mois de septembre, des avions ont tiré à proximité du complexe présidentiel et d'un site militaire de stockage de missiles, rapportent des habitants. D'autres frappes ont visé des installations militaires au sud de la capitale où sont établis des éléments de l'armée restés fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh, allié de circonstance des Houthis. D'après des sources tribales, des raids ont également visé deux secteurs de la province de Saada, le fief des Houthis dans le nord du pays. Dans le district de Kataf al Bokaa, un marché a été touché, ajoute-t-on de même source, faisant une quinzaine de victimes, morts ou blessés. L'IRAN DÉNONCE UNE "AGRESSION" Dans la province de Marib, région pétrolière à l'est de Sanaa, une base aérienne a été prise pour cible par l'aviation. Des habitants précisent qu'une station radar située à cinq kilomètres seulement du gisement pétrolier de Safer a été détruite. Le secteur n'est pas tenu par les Houthis mais par des forces loyales à l'ex-président Saleh. Pour l'heure, l'Arabie saoudite, qui aurait mobilisé jusqu'à 150.000 hommes selon Al Arabiya, dit ne pas avoir le projet d'une intervention terrestre mais ne l'exclut pas si nécessaire. "A ce stade, il n'y a pas de projet d'engagement des forces terrestres mais si la nécessité s'en fait sentir, les forces terrestres saoudiennes et celles de ses amis sont prêtes et repousseront toute agression", a déclaré jeudi soir le général Ahmed Asseri, porte-parole des opérations militaires. Les Houthis étaient sur le point de prendre Aden, le grand port du sud, quand Ryad est passé à l'offensive. L'Iran chiite, accusé de soutenir les rebelles, a exigé pour sa part "une cessation immédiate de toutes les agressions militaires et frappes aériennes contre le Yémen et son peuple". A Ryad, les dignitaires religieux ont prononcé des prêches incendiaires contre les Houthis chiites et leurs alliés iraniens, qualifiant de la bataille engagée de devoir religieux. Jeudi, les plus hauts dignitaires religieux saoudiens ont émis une fatwa, apportant leur bénédiction à l'offensive. A Téhéran, l'ayatollah Kazem Sadeghi, qui dirigeait la grande prière du vendredi, a au contraire qualifié la campagne saoudienne "d'agression et d'ingérence dans les affaires internes du Yémen". (Avec Mohammed Ghobari et Maha El Dahan, Henri-Pierre André et Nicolas Delame pour le service français, édité par Guy Kerivel)