Pourquoi le sud de la vallée du Rhône est régulièrement la zone la plus chaude de France
Rhône, Drôme, Ardèche. Ce lundi, trois départements de la vallée du Rhône ont basculé d'une vigilance orange à rouge canicule, a annoncé le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu lors d'une visite à Lyon. A ceux-ci s'ajoute également la Haute-Loire, limitrophe de l'Ardèche.
Alors que 49 départements sont placés en vigilance orange, la vallée du Rhône est particulièrement touchée par cette vague de chaleur: certains départements du Centre-Est sont en vigilance depuis une dizaine de jours déjà. Il fera ce mardi 40°C à Alès, 39°C à Valence, 39°C à Nîmes et jusqu'à 41°C localement, à l'ombre, notamment entre la Drôme, l'Ardèche, le nord du Gard et du Vaucluse.
Des records "absolus" de température "risquent d'être battus" ce mardi dans le secteur, comme l'a annoncé Méteo-France dès dimanche. "On pourrait atteindre des niveaux de température jamais mesurés en France, donc on est très préoccupés", a de son côté admis Aurélien Rousseau.
Des départements proches de la Méditerranée
Contrairement aux idées reçues, les départements de la vallée du Rhône sont aussi susceptibles - voire plus - d'atteindre des records de température que les départements méditerranéens. Comment expliquer que la région soit autant touchée par des vagues de chaleur?
"La période de l'année fait que les températures sont plus élevées dans la vallée du Rhône", rappelle tout d'abord à BFMTV.com Davide Faranda, climatologue au CNRS.
"On parle de départements proches de la Méditerranée où l'eau se réchauffe beaucoup en août et début septembre."
Pour atteindre des records de température, trois facteurs doivent être réunis. Le premier est "un ensoleillement suffisant", dont le pic est généralement atteint "fin juin, début juillet". Actuellement, la vallée du Rhône bénéficie d'un fort ensoleillement, comparé aux départements situés plus au nord.
Sécheresse des sols
Vient ensuite une "humidité des sols plutôt basse", atteinte le plus souvent en août "parce que les sols s'assèchent à cause des températures élevées prolongées", détaille le climatologue.
Si la sécheresse, en reflux depuis la mi-juin, est descendue début août à son plus bas niveau depuis début 2022 en Europe et sur tout le littoral méditerranéen, selon les données les plus récentes de l'European Drought Observatory (EDO), elle persiste dans la vallée du Rhône.
Et si la sécheresse des sols est moins forte cette année, après une année 2022 extrêmement aride, les données récentes demeurent exceptionnelles. La proportion de terres touchées par la sécheresse n'est tombée que très rarement sous la barre des 30% depuis le printemps 2021.
Des zones épargnées par les vents
Le troisième facteur est la hausse des températures de la Méditerranée et de l'Atlantique. "C'est pour ça que dans les zones côtières, on atteint des pics de température en août. Alors que dans les zones continentales, on les atteint en juillet", explique Davide Faranda.
Or, "ce ne sont pas forcément les zones côtières qui atteignent les records nationaux", mais les zones, comme la vallée du Rhône, qui ne sont "pas très éloignées des côtes, mais qui n'ont pas d'influence de circulation des brises qui contribuent à refroidir les côtes".
Les zones côtières bénéficient ainsi de températures proches de celle de la mer, grâce à la circulation des vents. Les secteurs "qui atteignent des records sont soit des zones internes qui ne sont pas très loin des côtes, soit les zones côtières avec des vents soufflant en sens inverse", résume le climatologue.