Pourquoi Sophie Binet est réticente au congé menstruel proposé par Élisabeth Borne

La secrétaire générale de la CGT voit « plusieurs problèmes » à la mise en place d’un congé menstruel en entreprise, mais propose des axes d’amélioration.

POLITIQUE - Invitée de l’émission Dimanche politique sur France ce dimanche 30 avril, Sophie Binet a été interrogé sur le congé menstruel en entreprise proposé par Élisabeth Borne plus tôt cette semaine.

La nouvelle patronne de la CGT y voit tout d’abord du positif. « C’est une bonne question [] parce que cette question, elle est complètement invisibilisée », notamment « l’endométriose qui touche quasiment 10 % des femmes et dont personne ne parle », commence-t-elle par argumenter.

Avant de souligner toutefois « plusieurs problèmes » dans le projet de la Première ministre. « D’abord le respect du secret médical vis-à-vis de l’employeur, puisqu’il saurait immédiatement que telle salariée a ses règles et qu’elles sont douloureuses – ce sont quand même des questions intimes que l’employeur n’a pas à connaître », explique-t-elle.

« Ensuite, ça pourrait conduire à une sorte de stigmatisation des femmes », ajoute Sophie Binet, avant de proposer une « bonne réponse » sur ces deux points : « D’abord que les médecins soient mieux formés et puissent avoir des prescriptions médicales pour les femmes ; (...) et ensuite (...) supprimer les jours de carence, puisqu’aujourd’hui, en cas d’arrêt maladie, on a entre un et trois jours de carence où on n’est pas payé pour les arrêts maladie. Et le problème, c’est que les règles douloureuses, c’est jamais plus de trois jours d’arrêt. Donc systématiquement, ça va être des jours non payés », estime la patronne de la CGT.

« On est plutôt réticents » à la CGT au congé menstruel en tant que tel, conclut-elle.

Le gouvernement « regarde le dispositif »

Élisabeth Borne s’était félicitée jeudi des initiatives prises dans certaines entreprises en faveur du congé menstruel et avait assuré que le gouvernement « regarde le dispositif » pour « faciliter cet engagement ».

Interrogée sur France 2 sur une possible généralisation du congé menstruel comme en Espagne, la cheffe du gouvernement avait d’abord insisté sur la nécessité de « faire attention aux mots » car « quand on a des femmes qui tous les mois souffrent », comme dans le cas de l’endométriose, « on n’est pas en train de parler de congés ».

Ces femmes « ne doivent pas se résigner à avoir mal, il faut aller voir un médecin parce que ça peut être une maladie » et « dans ce cas-là, il y a des traitements et on peut avoir des arrêts de travail », avait-elle insisté.

Mais « si l’employeur peut s’organiser pour faciliter la vie, c’est une bonne chose et on est en train de regarder comment on peut encourager, faciliter effectivement l’engagement des entreprises », avait complété Élisabeth Borne. En passant par la loi ? « On est en train de regarder le dispositif », avait répondu la Première ministre.

De rares entreprises françaises offrent déjà la possibilité à leurs employées de prendre des « congés règles ». Des députés écologistes et socialistes préparent des propositions de loi pour tenter de créer un congé menstruel, quelques mois après l’adoption de ce dispositif en Espagne.

VIDÉO - Pour Sophie Binet, "la casserole, c'est celle de Macron"

Laurent Berger ira discuter avec Élisabeth Borne s’il est invité, Sophie Binet beaucoup plus prudente

Avant la finale de la Coupe de France, Sophie Binet dénonce l’interdiction du tractage aux abords du stade

À la veille du 1er mai, les opposants à la réforme des retraites dénoncent la fébrilité de l’exécutif