Pourquoi rêve-t-on ?

Seule certitude : la réponse est multiple. La neurologue Isabelle Arnulf détaille les différentes fonctions cognitives associées aux rêves.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°905-906, daté juillet-août 2022.

Cheffe du service des pathologies du sommeil à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, Isabelle Arnulf est également chercheuse à l'Institut du cerveau. Dans le numéro "Pourquoi ?" de Sciences et Avenir, elle livre une énigme concernant son domaine de recherche et qui ne trouve pas, pour le moment, de réponse décisive.

"Le rêve est une activité cognitive à part entière qui remplit plusieurs fonctions. Nos recherches ont montré qu'il participe par exemple à la mémorisation. Lorsqu'on apprend un texte par cœur à 60 % et qu'on s'endort dessus, on se souviendra d'environ 80 %. Nous avons fait l'expérience en observant les personnes qui parlent en dormant : elles ont tendance à répéter, durant leur rêve, non pas le texte lui-même, mais certains éléments comme si elles étaient en train de ranger les nouvelles informations dans leur cerveau.

Mais ce qui ressort des milliers de rêves analysés ces dernières années, c'est que deux tiers d'entre eux sont faits d'émotions négatives. En 2018, nous avons montré que les trois mots les plus récurrents chez ceux qui parlent en rêvant étaient : "non", "putain" et "merde"… L'une des hypothèses est que les rêves serviraient à simuler différentes menaces de façon à s'entraîner face à des situations de danger. Cette théorie a été notamment explorée par l'analyse des rêves de mamans venant d'accoucher : beaucoup rêvent de bébés qui tombent du lit, et parfois même tendent les bras comme pour les rattraper. Autre exemple avec des étudiants en médecine qui ont livré des récits de rêves négatifs : retard à l'examen, crise d'appendicite, QCM mal remplis… Or ceux qui ont rêvé d'échec ont obtenu une note supérieure d'un demi-point par rapport aux autres, soit environ 100 places au concours.

Les rêves seraient aussi très utiles pour traiter les émotions de la journée, les trier et mieux éliminer les sentiments négatifs. Le cerveau applique le principe d[...]

Lire la suite sur sciencesetavenir.fr

A lire aussi