Pourquoi nous n'avons pas publié la photo d'Aylan Kurdi

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«Libération» n'a pas pris la mesure, mercredi, du poids de l'image du petit Syrien noyé au large de la Turquie. Nous devons une explication à nos lecteurs.

Comment avons-nous pu, à Libération, ne pas publier la photo d’Aylan Kurdi, tout jeune enfant retrouvé mort noyé sur une plage turque ? Depuis que la quasi-totalité de la presse anglaise et une partie de la presse européenne a mis la terrible photo en une, son absence des journaux français pose en effet question. Je ne peux répondre pour les confrères. Nous vous devons une explication, sans autoflagellation excessive.

La réponse est malheureusement simple : nous ne l’avons pas vue. Pour être précis, ceux qui l’ont vue ont eu un mouvement de recul (la première image diffusée par les agences est un gros plan d’Aylan) ou n’ont pas tiré le signal d’alarme. Facile a posteriori de saisir combien cette photo bouleversante peut être capable de changer la perception que les Européens, et les Français, ont de ce terrible exode. Une image symbole de réfugiés demandant simplement à être accueillis dans nos pays. Syriens pour beaucoup, ils fuient un pays en guerre, ravagé par près de cinq ans de conflit, qui a fait des centaines de milliers de morts et des millions de réfugiés et déplacés.

Jugée trop dure, trop rapidement

Dans un quotidien, passer à côté d’une information est possible mais il y a toujours un journaliste, un service pour alerter le journal à temps et s’interroger sur ce qu’il convient de faire. Pas cette fois. Ce qui montre que cette notion de collectif ne souffre d’aucun relâchement.

Est-ce, paradoxalement parce que Libération suit particulièrement ce dossier – six unes depuis juin, un dossier spécial fin août, la publication des Migrants Files avant l’été, une dernière une sur le drame autrichien et «le camion de la honte» – qu’on n’a pas pris la mesure du poids de cette photo en particulier ? Est-ce parce qu’on a vu des photos d’enfants morts noyés sur les plages grecques la semaine dernière sur les (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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