Pourquoi mieux manger améliore l'environnement
Pour les experts, le système alimentaire mondial est à bout de souffle. Agroécologie, régime alimentaire moins carné, lutte contre le gaspillage…, les réponses sont nombreuses mais nécessitent des changements radicaux.
Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°912, daté février 2023.
Non seulement le système alimentaire mondial est très inégalitaire, mais il est en plus très émetteur de gaz à effet de serre. 38 % des émissions lui sont imputables. Pire, par rétroaction, ces dernières contribuent à l'augmentation des sécheresses qui diminuent les récoltes. Selon le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), 3,3 milliards d'humains sont "hautement vulnérables" au changement climatique, notamment en ce qui concerne leur alimentation, d'autant que 80 % de la nourriture produite dans le monde provient de 500 millions de petites fermes très fragiles face aux aléas climatiques. Pour le programme EAT, chapeauté par la revue scientifique médicale britannique The Lancet, le système alimentaire mondial est tout simplement à bout de souffle. À une extrémité de la chaîne, les agriculteurs peinent à vivre de leur travail, qu'ils soient producteurs intensifs des pays développés ou petits fermiers du Sud. À l'autre extrémité, 2 milliards d'êtres humains sont obèses, 2,3 milliards n'ont pas accès à une nourriture correcte et 800 millions sont malnutris. Le déséquilibre est flagrant alors que, globalement, les seules protéines végétales pourraient nourrir une humanité trois fois plus nombreuse. La preuve : selon les statistiques de l'organisation onusienne pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), 800 millions de tonnes d'aliments végétaux sont produits tous les ans dans le monde, dont environ la moitié correspond à des fourrages pour animaux. 270 millions de tonnes proviennent des prairies et pâturages permanents où se nourrit le bétail, soit 34 % du total. Les céréales (blé, riz, maïs) comptent pour 26 % et les oléagineux (colza, tournesol, soja) pour 17 %, le quart restant étant composé des fruits et légumes. Selon un calcul théorique, cette production représente environ 400 millions de tonnes de protéines que doivent [...]
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