Pourquoi le Japon est-il si souvent touché par des séismes ?
La situation géologique de l'archipel nippon constitue un cas unique à l'échelle de la planète Terre.
Au pays du soleil levant, l'épée de Damoclès se situe sous la terre. Ce jeudi 8 août, deux puissants séismes (dont un a été mesuré à 7,1 sur l'échelle de Richter) ont secoué le sud du Japon, déclenchant une alerte au tsunami. Loin d'être des événements isolés, ces tremblements de terre sont les derniers en date d'une interminable liste de catastrophes naturelles ayant touché l'archipel.
Pour ne citer que les exemples les plus récents, on peut ainsi mentionner les tremblements de terre de magnitude supérieure à 6 survenus le 1er janvier 2024, le 5 mai 2023, le 16 mars 2022 ou encore le 13 février 2021. En remontant un peu plus loin, l'exemple le plus marquant est évidemment le terrible séisme de mars 2011 sur la côte Pacifique et ses répliques, qui avaient fait plus de 15 000 morts et provoqué l'accident nucléaire de Fukushima.
20% des séismes de grande envergure ont lieu au Japon
La récurrence des événements de type sismique au Japon a d'ailleurs été observée depuis longtemps par les scientifiques. D'après Futura Sciences, "1/5 des séismes de magnitude supérieure à 6 qui ont lieu dans le monde" touchent le Japon. En comptant les nombreuses autres secousses de moindre intensité, on estime qu'environ 1500 séismes touchent le pays chaque année.
Comment expliquer cette situation ? Décisive dans la compréhension des phénomènes géologiques, l'étude de la tectonique des plaques, développée depuis le début du XXe siècle, apporte des éléments décisifs en la matière. Cette dernière a notamment révélé le rôle du phénomène de subduction à l'origine de l'activité sismique.
Qu'est-ce qu'une zone de subduction ?
Pour comprendre ce mécanisme, rappelons en préambule que les différentes plaques tectoniques qui composent la croûte terrestre ne sont pas immobiles et sont même en mouvement constant, à un rythme évidemment imperceptible à l'échelle humaine. Au point de rencontre entre deux plaques, l'une des deux a parfois tendance à s'enfoncer sous l'autre, c'est ce que l'on appelle une zone de subduction.
Cependant, comme l'explique Futura Sciences, "les plaques qui entrent en subduction ne glissent pas librement sous les plaques chevauchantes. En cause : l’irrégularité du plancher océanique qui entre en subduction, mais également de nombreux autres facteurs", comme par exemple la présence de sédiments.
Des points de blocage qui, une fois libérés, provoquent des séismes
"Certains segments au niveau des fosses de subduction se retrouvent donc temporairement bloqués : alors que la plaque s'enfonce de part et d'autre, ces zones de blocage vont graduellement accumuler de la contrainte, poursuit le site de vulgarisation scientifique. Lorsque le blocage finit par céder, le mouvement brusque des deux plaques libère une importante quantité d'énergie qui se traduit par un séisme. Le mouvement du fond va lui potentiellement générer un tsunami."
Observable dans de nombreuses régions du globe (côte ouest du continent américain, Indonésie, Nouvelle-Zélande), ce phénomène est en cause dans la plupart des séismes enregistrés sur la planète. Dans le cas du Japon, il est toutefois amplifié par une situation géologique aussi singulière qu'explosive, qualifiée de "puzzle tectonique" par Futura Sciences.
Le Japon, un "puzzle tectonique"
Dans la zone de l'archipel nippon, ce ne sont en effet pas deux plaques qui entrent en contact, mais six au total, faisant partie de quatre grands ensembles. Le Japon est ainsi bordé à l'est par la plaque pacifique et au sud par la plaque philippine. La partie nord du pays se situe sur la plaque d'Okhotsk, reliée à la plaque nord-américaine, tandis que sa partie sud-ouest s'étend sur trois sous-plaques appartenant à la plaque eurasienne (Amour, Okinawa et Yangtsé).
Comme l'indique Futura Sciences, "l'ensemble de ces plaques s'agence de manière complexe" créant d'importants points de blocages qui déclenchent autant de séismes, selon le principe énoncé plus haut. En avançant vers l'ouest, la plaque pacifique s'enfonce sous toutes les autres plaques, notamment la plaque philippine, qui s'enfonce pour sa part sous la plaque eurasienne. La combinaison de ces deux zones de subduction et de l'activité complexe des autres plaques crée ainsi un cocktail pour le moins instable.
Des bâtiments pensés pour résister aux tremblements de terre
Cette géologie si particulière explique aussi pourquoi certaines zones sont davantage touchées par les séismes, à l'instar du centre de l'île principale Honshu, qui se trouve au carrefour de trois plaques. C'est d'ailleurs dans cette zone que se sont produits la plupart des catastrophes naturelles les plus meurtrières de l'histoire du pays, répertoriées par La Croix.
Au cours du XXe et du XXIe siècles, le Japon a toutefois fait en sorte d'adapter ses infrastructures et son architecture moderne à cette menace sismique constante. Des matériaux de construction à la répartition des forces physiques, tous les bâtiments sont ainsi pensés pour pouvoir résister aux tremblements de terre.
Si la catastrophe de 2011, consécutive au plus fort séisme jamais enregistré au Japon, a rappelé que le risque zéro n'existait pas, il suffit de revenir un siècle en arrière pour constater l'étendue des progrès réalisés. En 1923, un séisme de magnitude 8,1 avait en effet ravagé la capitale Tokyo et fait près de 105 000 victimes. Cette tragédie avait ensuite provoqué la promulgation du tout premier code de construction parasismique dès l'année suivante, en 1924...