Pourquoi le Conseil national de la refondation est boycotté par de nombreux invités ?
L'idée d'Emmanuel Macron ne fait pas recette, tant du côté des syndicats, des oppositions que du côté de ses alliés.
C'est le grand projet porté par Emmanuel Macron après sa réélection. Un "Conseil national de la refondation" avec les "forces politiques, économiques, sociales, associatives" ainsi que des citoyens tirés au sort, pour atteindre les objectifs fixés pendant la campagne présidentielle et notamment sur le pouvoir d’achat, l’écologie, les institutions et les retraites.
Un nom en clin d'oeil au conseil national de la résistance fondé par Jean Moulin et qui a notamment abouti à la nationalisation de l'énergie, des assurances, des banques, et à la création du régime général de la Sécurité sociale.
"Ça résonne plutôt comme un outil de communication"
Sauf que, l'idée est loin d'emballer les potentiels participants. Au sein des partis qui composent la Nupes, on dénonce une opération de communication, et une manière de contourner les institutions comme le Cese et le Parlement.
"Si c’était une véritable rencontre de travail on y serait allés. Mais là ça résonne plutôt comme un outil de communication. On ne voyait pas l’intérêt de s’y rendre. On a l’expérience de l’Assemblée nationale où, depuis près de deux mois, on a un mur de fins de non-recevoir sur chacune de nos propositions, et l’expérience de la convention citoyenne sur le climat. Chat échaudé craint l’eau froide", a expliqué à l'AFP Sandra Regol, numéro 2 d'EELV.
"Une manière de contourner le Parlement"
Au Parti Communiste, un porte-parole explique à France Info : "Sur le principe, nous sommes toujours ouverts à participer à des lieux de discussion sérieux. Mais en l’occurrence, la ficelle est grosse. C’est une manière de contourner le Parlement".
Au PS, les proches du Premier secrétaire Olivier Faure sont encore plus sévères "Le CNR est quand même une construction absolument délirante. Mettre au même niveau parlementaires et citoyens tirés au sort au sein d’une assemblée présidée par le chef de l’État qui contourne le Conseil économique et social et le Parlement, c’est fou. Je pense que le PS n’a rien à foutre là-dedans !", se confie-t-il auprès du Parisien.
Un "bidule macronien" pour le patron LR
À droite, pas de participation non plus au CNR. Le patron LR Bruno Retailleau voit dans le Conseil national de la refondation un "bidule macronien pour contourner et affaiblir le Parlement". Le président du Sénat Gérard Larcher a pris la plume pour expliquer au chef de l'État son absence. "Je pense que cette instance ne peut parvenir à une rénovation de la démocratie à laquelle vous aspirez".
Selon lui, "les mécanismes de démocratie participative peuvent contribuer à éclairer la représentation nationale, mais ils ne peuvent en aucun cas s'y substituer". "Vouloir réunir dans une même instance des parlementaires, seuls constitutionnellement habilités à voter la loi et contrôler l'exécutif, et des représentants de la société civile (...) ne peut aboutir qu'à une confusion des rôles", ajoute-t-il.
"Édouard Philippe ne croit pas au CNR"
Au RN aussi on dénonce un "bidule" fait pour contourner le Parlement. "On ne participera pas, c'est une escroquerie, c'est encore un machin de plus, un bidule de plus en France", avait indiqué la députée du Var et porte-parole Laure Lavalette. "Il y a des institutions, nous venons d'être élus, il y a 577 députés qui sont là pour faire leur boulot", avait-elle ajouté.
Au sein même de la majorité, le CNR ne suscite pas beaucoup d'enthousiasme. Édouard Philippe ne sera pas présent. Officiellement, l'ancien Premier ministre veut laisser la place à une autre élue locale, la maire d'Albi, pour le représenter. Officieusement, "Édouard Philippe ne croit absolument pas au CNR", reconnaît un de ses proches auprès de franceinfo.
La CFE-CGC participera mais dénonce un "gloubi-boulga"
"Le Conseil national de la Résistance a créé la Sécurité sociale, et monsieur Macron veut la détruire et détruire les droits à la retraite", a dénoncé Catherine Perret secrétaire confédérale de la CGT chargée des retraites et de la protection sociale, qui y voit une provocation.
Si la CFE-CGC participera, "ça fleure bon l'escroquerie (...) Je ne vois pas ce que ce gloubi-boulga va apporter" à "notre démocratie qui est bien fatiguée par l'attitude du gouvernement vis à vis des corps intermédiaires", a reproché son président François Hommeril. Selon l'Opinion, c'est François Bayrou qui sera secrétaire général du Conseil national de la refondation. De quoi assurer au moins la présence d'un participant pour le chef de l'Etat.
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