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Pourquoi l'allergie aux pollens touche plus de monde qu'il y a 50 ans ?

Pourquoi l'allergie au pollen touche-t-elle plus de monde qu'il y a 50 ans ?

Les allergies aux pollens sont de plus en plus fréquentes en France et touchent beaucoup plus de monde qu’il y a 50 ans. Comment peut-on expliquer son expansion ?

Des chiffres édifiants! En 1970, on estime que 3% de la population française est touchée par les allergies. Ce taux n’a cessé d’augmenter au fil des années pour atteindre 30% en 2010. Principales causes de l’asthme chez l’enfant, les maladies allergiques pourraient affecter une personne sur deux en 2050. On y retrouve les allergies respiratoires, qui concernent actuellement 25% des Français selon le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA). Parmi elles, les allergies aux pollens frappent environ 25% de la popoulation de l’Hexagone. S’il existe une prédisposition génétique à l’allergie, elle ne permet pas d’expliquer la forte multiplication du nombre de cas. Comment peut-on donc analyser ces statistiques en constante augmentation ?

L’impact du mode de vie

“Nous sommes plus allergiques aujourd’hui pour un ensemble de raisons qu’on commence à comprendre”, explique Édouard Sève, membre du RNSA et allergologue à Fontainebleau. Parmi ces raisons, l’évolution de notre mode de vie joue un rôle très important. “Les environnements plus propres, avec des antibiotiques et l’eau de javel ont diminué la présence de bactéries en contact avec le système immunitaire”, développe Édouard Sève. “Sauf que du coup, celui-ci se dérègle et cherche à se défendre contre d’autres cibles. Il créé des anticorps contre les animaux, les pollens ou les acariens. C’est ainsi qu’apparaît l’allergie.” Le système immunitaire considère ainsi que le pollen est nocif pour l’individu. Ce n’est bien entendu pas le cas. Les changements dans notre environnement intérieur, une amélioration de notre hygiène globale ou encore nos habitudes alimentaires peuvent donc être des facteurs expliquant la hausse de ces allergies.

Le rôle prépondérant de la pollution

“Pour les allergies respiratoires, la pollution va aggraver les choses”, explique Édouard Sève. “Les pollens fixés aux particules fines vont être plus irritants d’un coté alors que de l’autre, la pollution va irriter les voies respiratoires qui vont être plus sensibles aux allergies existantes et plus à risque de déclencher de nouvelles allergies“, développe-t-il. On observe ainsi un double rôle de la pollution dans l’expansion des allergies aux pollens. Elle agit à la fois sur les pollens, mais aussi sur l’individu. “La pollution est en cause en modifiant la structure des pollens, en les rendant plus allergisants et en modifiant notre réponse par phénomène épigénétique”, analyse Isabelle Begon-Bagdassarian, médecin allergologue à Paris. Notre sensibilité immunologique aux pollens peut donc être modifiée par la pollution, comme l’explique le RNSA.

Le réchauffement climatique pointé du doigt

Co-publié par le RNSA, l’APSF et Atmo France, le bilan “Surveillance des pollens et des moisissures dans l’air ambiant” pour l’année 2018 met l’accent sur l’impact du dérèglement climatique. “Le réchauffement climatique et la hausse des températures conduisent à une augmentation des quantités de pollen“, explique le rapport. On observe notamment un allongement des saisons polliniques, ce qui représente un terrain favorable aux allergies. L’aire de répartition des arbres et des herbacées est également modifiée à cause du changement climatique. En conséquence, certaines substances allergènes se répandent sur le territoire. En 2018, la présidente de la société française d’allergologie, Jocelyne Just, alertait sur l’impact climatique sur le risque d’allergies. “On estime que d’ici 2050, si l’on ne fait rien par rapport au changement climatique, 50% de la population sera allergique“, expliquait-elle.