Pourquoi l'Afghanistan reste englué dans l'instabilité

Les Afghans, même dans la capitale, ont peur d'être la cible d'attentats suicides ne sachant pas si à la fin de la journée, ils pourront rentrer chez eux vivants ! La plupart des officiels et des citoyens estiment que des forces régionales et des puissances internationales sont responsables de cette instabilité dans le pays . Y a-t-il encore de l'espoir d'y instaurer la paix ? Et l'armée afghane en l'absence de troupes étrangères sera-t-elle en mesure de sécuriser le territoire afghan ? À Kaboul, notre reporter Masoud Imani Kalesar a constaté que la vie quotidienne semble suivre son cours, sauf qu'à tout moment, une attaque suicide peut survenir. L'an dernier, plus de 10.000 civils ont été tués ou blessés en Afghanistan dont des centaines dans la capitale afghane. La vie et la mort semblent tellement entremêlées sur place. Il demande à une petite fille dans un cimetière surplombant la capitale ce qu'elle fait là. "On fait un pique-nique," dit-elle simplement. " Morceaux de chair" Le 22 avril, un attentat suicide a visé un centre d'enregistrement des électeurs à Kaboul. Bilan : 63 morts et plus d'une centaine de blessés. Un mois plus tard, nous nous rendons sur place. Un habitant nous interpelle : "Il y avait des morceaux de chair qui avec l'explosion sont tombés dans les cours des voisins. Sur ce mur, il y a encore des morceaux de chair," dit-il. Ancien directeur des services de renseignement afghans, Amrullah Saleh juge amèrement la situation. Beaucoup sur place partagent sa vision. "Le sang versé dans les pays en développement - notre sang qui est versé tous les jours - n'a pas la même valeur que celui versé dans les pays développés," affirme-t-il, "en Europe, par exemple, si quelqu'un se fait tuer d'un coup de couteau, cela fait les gros titres. Le même jour," poursuit-il, "des centaines de personnes se font tuer dans une attaque suicide, mais elles ne font pas la une de l'actualité." Comment contrer les talibans ? Principal groupe qui déstabilise l'Afghanistan, les talibans veulent créer par la violence, leur Etat islamique. Des officiels afghans dont Amrullah Saleh accusent le Pakistan de les soutenir. "De notre point de vue, le gouvernement du Pakistan, c'est Satan : Satan au sens propre," insiste-t-il. L'intérêt du Pakistan pour la situation en Afghanistan - à cause de sa rivalité avec l'Inde - est indéniable. Mais Islamabad se défend de soutenir les talibans. Loin de la géopolitique, le quotidien, ce sont les souffrances supportées par les civils , souligne le chef de l'exécutif afghan Abdullah Abdullah : "La paix, c'est ce que veulent tous les Afghans. Malheureusement, le message de paix du gouvernement afghan est rejeté par ceux qui mènent le conflit, mais aussi par les Talibans," déplore-t-il. "Je crois que la paix finira par être établie, l'immense majorité des Afghans ne veut pas de la guerre," souligne-t-il. Quel rôle pour l'armée afghane ? Les forces armées afghanes seront-elles capables d'établir la sécurité ? Ses jeunes recrues n'en doutent pas. "Bien sûr, c'est ce qu'on va faire, on est très bien entraîné," affirme un jeune soldat. "Peu importe le moment où nos collègues - les forces étrangères - partiront, nous assurerons la sécurité de l'Afghanistan," lance-t-il. Son camarade renchérit : "Nous allons nous défendre et faire de l'Afghanistan un pays uni et rassemblé." L'officier en charge de la presse, le Colonel Noorestani, ajoute avec détermination : "Tous ceux qui terrorisent la nation, qui perturbent la vie paisible de la population, partout et à tout moment, nos commandos les détruiront." 16.000 soldats de l'Otan restent déployés en Afghanistan avec une mission principale de formation des forces afghanes.