Pourquoi Emmanuel Macron se déplace encore dans les Hauts-de-France

Emmanuel Macron à la Cité de l'Architecture à Paris, le 7 septembre 2021 - FRANCOIS MORI / POOL / AFP
Emmanuel Macron à la Cité de l'Architecture à Paris, le 7 septembre 2021 - FRANCOIS MORI / POOL / AFP

Terres natales, terres rivales. À partir de ce vendredi, Emmanuel Macron se rendra dans sa région d’origine, dans les Hauts-de-France. Une visite de quatre jours qui ne doit rien au hasard pour le chef d’État qui ne s’est pas encore lancé officiellement dans la course à l’Élysée, mais entame une tournée dans les fiefs de ses potentiels rivaux à cinq mois de la présidentielle. Comme il l'avait fait en juin, à trois jours du premier tour des élections régionales. Et comme début septembre, où il avait choisi Tourcoing pour la présentation des conclusions du Beauvau de la sécurité.

La version automnale de son voyage débutera cette fois à Aulnoye-Aymeries (Nord) aux alentours de 16h30 où il échangera avec des médecins, des internes et des patients dans une maison de santé, selon son agenda officiel.

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Il ira ensuite à Guise (Aisne), près de Saint-Quentin, terre de l'un de ses potentiels rivaux pour 2022, le candidat à l’investiture des Républicains (LR) et président des Hauts-de-France Xavier Bertrand. Il visitera le familistère Godin de Guise, un bâtiment datant du XIXe siècle désormais devenu musée. D'après Le Parisien, il y prendra la parole pour défendre des projets cofinancés par l’État. Le week-end sera aussi l’occasion d’une halte au Touquet (Pas-de-Calais), dans sa maison familiale.

"J’aime ces terres"

Emmanuel Macron accorde également une longue interview à La Voix du Nord ce vendredi à propos du pacte de réussite de la Sambre-Avesnois-Thiérache, thème de son premier déplacement. L’occasion de vanter les 67 actions menées dans la région, comme le financement d’un nouveau centre hospitalier, et celles à venir, concernant l’éducation ou encore la lutte contre les nouveaux déserts médicaux. Le chef de l’État a souligné dans le quotidien local sa volonté de "remettre la communauté médicale au coeur de la décision".

Dans un entretien publié jeudi dans Valeurs Actuelles, Xavier Bertrand l'a accusé "d'acheter le vote des Français" pour 2022, à travers une "politique de distribution de chèques sans provisions". Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a réagi à ce type de critiques mardi dans Le Parisien.

"Si certains veulent y voir [dans ce déplacement] des enjeux politiques, qu’ils se disent surtout que le président de région (Xavier Bertrand) peut remercier le président Macron! Sans son gouvernement, l’entreprise Arc n’aurait pas été sauvée, Ascoval n’aurait plus de perspective, les Bridgestone n’auraient aucune solution, il n’y aurait pas de mega-usine de batteries en cours d’implantation à Douai."

Comme un lien direct avec les territoires, en réponse à la "fracture territoriale" théorisée par le géographe Christophe Guilluy dans La France périphérique (2014), dessinant une France éclatée entre le vote Macron et le bulletin Le Pen. Celui qui, en novembre 2016, avait déclaré sa candidature à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, tente de se défaire de son image de président urbain et déconnecté de ces réalités, incarné par le mouvement des Gilets Jaunes.

"Même si je ne l'avais pas perçu à ce point, je n'ai pas été surpris de ce qui arrivait, confiait-il à ce sujet à la revue Zadig centrée sur les territoires en mai. Je l'ai d'autant moins été que j'aime ces terres".

"Président 'hors sol'"

À la rentrée 2021, si plus d’un tiers des Français jugeaient son action positive, les trois quart d’entre eux (71%) trouvaient que le chef de l’Etat ne les représentaient pas bien et qu’il n’était pas proche des gens à hauteur de 61%, selon un sondage ViaVoice pour Libération.

"C’est surtout le lien avec les citoyens qui est perçu comme distendu, alimentant l’idée d’un président 'hors sol' et éloigné des Français", écrivait alors l'institut de sondages.

D'après Le Parisien, Emmanuel Macron s’apprêterait également à retourner dans sa ville natale, Amiens. Un retour aux sources pour afficher ses racines provinciales. Dans l'entre-deux tours de la présidentielle de 2017, l’épisode avait fait sensation. Le prétendant à l’Elysée avait marqué le coup en rendant visite aux salariés de l'entreprise Whirlpool, rejoint le même jour par sa rivale Marine Le Pen, députée du Pas-de-Calais. Avec la réindustrialisation de la France vantée comme l’une des priorités de sa quasi-campagne, le président ne se cache pas de l’attaquer sur ses terres, et sur ses thèmes.

Article original publié sur BFMTV.com