Pourquoi dit-on "mettre les bouchées doubles" ?

À l’origine de la bouchée, il y a le mot "bouche". Il nous vient du mot latin "bucca", utilisé par les Romains pour parler en fait des joues. La bouche se disait alors "cavum oris". Cela vous paraît sûrement familier, puisque c’est de "oris" que vient l’adjectif français "oral". Plus tard, le mot "bucca" se substitua à l’autre pour désigner la bouche dans la langue romaine. Tout ceci n’était qu’une mise en bouche, pour rappeler qu’il n’y a pas de bouchée sans bouche. Il est temps de passer au plat de résistance : d’où vient l’expression "mettre les bouchées doubles" ?

Résumons déjà ce qu’est une bouchée tout court. Selon le Centre national des ressources textuelles et lexicales, "bouchée" viendrait du vieux mot "buchiee" (prononcé "buchi"), apparu vers 1120. Une bouchée est une quantité d’aliment ou un morceau de nourriture solide (viande, pain, etc.) qui peut s’introduire en une fois dans la bouche. En clair, quand vous mangez, une bouchée tient dans la bouche sans forcer. Il est facile de considérer la bouchée comme une unité de mesure, et de déterminer que pour finir votre assiette, il vous faut tant de bouchées, autrement dit, tant de coups de fourchette.

Techniquement, les bouchées pouvaient vraiment doubler au cours des dîners et des banquets. Au XVIIe siècle, quand un convive avait du retard sur les autres, il devait accélérer le rythme, et donc augmenter la taille des bouchées de nourriture. De là, "les bouchées doubles", puisqu’il ne fallait pas hésiter à mettre en bouche (...)

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