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Pourquoi "Dahmer", la série sur le "cannibale de Milwaukee", fait l'objet de tant de critiques

Pourquoi "Dahmer", la série sur le "cannibale de Milwaukee", fait l'objet de tant de critiques

Une série peut être un carton d'audience tout en accumulant les controverses. En témoigne le succès de Dahmer, feuilleton en dix épisodes sur le parcours de l'un des serial killers les plus sanguinaires des États-Unis. Près de deux semaines après sa sortie, il figure toujours en tête du classement des programmes les plus visionnés sur Netflix, malgré des polémiques qui se multiplient. Dernier couac promotionnel en date: ce week-end, une membre de l'équipe technique a évoqué des conditions de tournage difficiles, sur fond d'accusations de racisme.

Cette série de Ryan Murphy (Glee, American Horror Story) met en scène l'acteur Evan Peters dans le rôle de Jeffrey Dahmer, surnommé le "cannibale de Milwaukee", qui a tué 17 jeunes hommes entre 1978 et 1991 en s'adonnant parfois à des actes de nécrophilie et de cannibalisme.

Une assistante de production traumatisée

"C'est l'une des pires série sur lesquelles j'ai travaillé dans ma vie (en tant que femme noire)", a déclaré vendredi Kim Alsup, assistante de production sur le programme, dans les colonnes du Los Angeles Times. Elle explique ne pas encore avoir regardé le produit fini:

"J'ai le sentiment que ça va me remémorer trop de souvenirs du travail en plateau. Je ne veux pas me retrouver dans ces situations de stress post-traumatique."

Son témoignage fait suite à un tweet (supprimé depuis) que Kim Alsup avait publié il y a un mois: "J'ai travaillé sur ce projet, j'étais l'une des deux noires de l'équipe, et on m'appelait constamment par son nom (à elle)", y avait-elle écrit, comme le rapporte Entertainment Weekly. "Travailler (sur cette série) m'a pris tout ce que j'avais, car j'ai été atrocement traitée."

"Cette série, c'est Netflix qui essaie d'obtenir son chèque"

Ni Netflix, ni Ryan Murphy n'ont répondu à ses accusations. De même qu'ils ont gardé le silence lorsqu'une proche de l'une des victimes de Jeffrey Dahmer a pris la parole, pour s'indigner de ne pas avoir été contactée avant d'apparaître dans le programme.

Rita Isbell est la sœur d'Errol Lindsey, assassiné par le tueur en série en 1991 à l'âge de 19 ans. En 1992, lorsqu'elle avait témoigné contre Jeffrey Dahmer au tribunal, elle avait laissé exploser sa rage dans une violente diatribe. La sécurité avait dû intervenir pour l'empêcher de se jeter sur le criminel. Une scène reconstituée à l'identique par l'actrice DaShawn Barnes dans la série.

"Je n'ai jamais été contactée", a écrit Rita Isbell dans une lettre ouverte publiée par Insider. "Je trouve que Netflix aurait dû nous demander si cela nous dérangeait, ou ce que nous ressentions. Ils ne m'ont rien demandé, ils ont juste fait leur série."

Elle poursuit: "Mais je ne cherche par l'argent, et c'est exactement ce qu'est cette série: Netflix qui essaie d'obtenir son chèque. Je pourrais même comprendre si une partie de l'argent allait aux enfants des victimes. Pas nécessairement leurs familles. Moi, je suis vieille. Je vis très, très confortablement. Mais les victimes ont des enfants et des petits-enfants. Si la série leur profitait d'une manière ou d'une autre, il n'y aurait pas ce sentiment de brutalité et de négligence."

Son cousin, Eric Perry, s'est également confié au Los Angeles Times après avoir fait part de son agacement sur Twitter: "Je crois que les réseaux sociaux et Netflix, combinés aux noms célèbres du producteur et de l'acteur, ont amplifié Jeffrey Dahmer à un niveau que je n'avais jamais vu avant (...) Personne n'est à l'abri de l'événement traumatisant qui lui fera vivre le pire jour de sa vie, et de voir cet événement devenir la série préférée de son voisin."

Mécontentement des internautes

Enfin, Netflix a dû essuyer les critiques de nombreux abonnés au sujet de l'une des catégories dans lesquelles la plateforme avait classé Dahmer. Le géant du streaming classe chacun de ses contenus dans plusieurs rubriques, qui apparaissent sous les titres dans l'interface. Et à sa sortie, Dahmer était rangé sous les labels "horreur", "psychologie", "inquiétant"... mais aussi "LGBT", Jeffrey Dahmer étant homosexuel.

Des dizaines de messages ont afflué sur les réseaux sociaux: "Je sais que techniquement, c'est vrai, mais ce n'est pas le genre de représentation que nous voulons", a déclaré une internaute sur TikTok. "Quelqu'un d'autre trouve dégoûtant que Netflix ait rangé Dahmer dans la catégortie LGBT?", s'est interrogée une autre jeune femme sur Twitter. Si bien que, comme le notait le Los Angeles Times la semaine dernière, Netflix avait fini par retirer discrètement le fameux tag.

La rentrée de Netflix se fait sous le signe de la controverse. Le film Blonde d'Andrew Dominik, dévoilé par la plateforme la semaine dernière, fait lui aussi l'objet d'un torrent de critiques. Cette version romancée de la vie de Marilyn Monroe est accusé de dépeindre un portrait faussé de l'actrice et de transmettre un message anti-avortement.

Article original publié sur BFMTV.com