Pourquoi le déclin des diables de Tasmanie change les gènes des marsupiaux

Depuis près de trente ans, les diables de Tasmanie (Sarcophilus harrisii), des marsupiaux carnivores endémiques de l’île australienne de Tasmanie, sont victimes d’un cancer mortel et contagieux par morsure. Le déclin de leur population, qui a chuté “de près de 70 %, passant de 53 000 animaux en 1996 à 16 900 en 2020”, indique Nature dans un article grand public, a des effets sur le chat marsupial à queue tachetée (Dasyurus maculatus).

Ayant bénéficié d’une concurrence moindre pour la nourriture, les chats marsupiaux à queue tachetée, qui sont eux aussi des prédateurs nocturnes, mais plus petits et moins agressifs que les diables, ont vu leur nombre augmenter. En plus de cet effet déjà connu des biologistes, leur patrimoine génétique a été modifié. “C’est une des premières études qui montrent cela”, a expliqué à Nature Andrew Storfer, dont les résultats viennent d’être publiés dans Nature Ecology & Evolution.

Ce généticien spécialiste de l’évolution et ses collègues de l’université d’État de Washington, aux États-Unis, ont analysé les génomes de 345 chats marsupiaux à queue tachetée vivant dans différentes régions. Ils ont mis en évidence des variations dans 12 gènes selon la densité de la population de diables et dans 10 gènes selon l’antériorité de la maladie des diables dans la région. “Parmi ces gènes, certains sont importants pour le mouvement et le développement musculaire, d’autres pour le comportement alimentaire”, note le magazine scientifique.

Autre phénomène mis en lumière par les chercheurs américains : globalement, la diversité génétique diminue, c’est-à-dire qu’il y a moins de mélange entre individus génétiquement très différents. Nature se risque à avancer une explication : “Quand il y a peu de diables, les chats marsupiaux n’ont pas besoin de se déplacer autant que lorsqu’il y en a beaucoup, ce qui réduit les probabilités de rencontre entre des animaux issus de différentes populations.”

On ne connaît pas les conséquences à long terme, d’un point de vue évolutif, de cette diminution de la diversité génétique.

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