Pourquoi Bruce "The Boss" Springsteen incarne l'Amérique ?

Après quarante années de carrière, Bruce Springsteen incarne toujours et encore le combat du prolétaire contre les dérives des grandes entreprises et des politiciens. En dépit d'une réussite indiscutable sur le plan financier, le chanteur compositeur n'a en rien perdu de sa verve et reste toujours aussi mordant.

La voix de l'Amérique ouvrière

Alors que la jeunesse américaine semble aujourd'hui avoir abandonné ses rêves de conquête et de fortune, Springsteen incarne plus que jamais l'espoir de l'Amérique ouvrière. Depuis plusieurs décennies, les titres de ses albums en disent d'ailleurs souvent long sur son indéfectible engagement. Dans les années 1970, il écrivait Born to run ("Né pour courir").
En 1995, le "Boss" nous estomaquait avec Le Fantôme de Tom Joad, en hommage au personnage principal des Raisins de la colère, de John Steinbeck. Son dernier album Wrecking Ball ("Le Boulet de démolition") ne déroge pas à la règle. Preuve que même en pleine tourmente, l'Amérique des cols bleus peut encore compter sur son working-class hero.

Une ascension exceptionnelle

Issu d'un milieu populaire, Springsteen n'a pas oublié de là où il vient. C'est en regardant Elvis Presley au Ed Sullivan Show que le jeune homme tombe sous l'emprise du rock. Dès lors, sa percée est fulgurante. Le magazine Rolling Stone le place en 23ème position parmi les plus grands artistes de tous les temps.
Dès 1974, le critique John Landau écrit au sujet de l'artiste : "J'ai vu l'avenir du rock'n roll, il s'appelle Bruce Springsteen. Une nuit où j'avais besoin de me sentir jeune, il m'a fait me sentir comme si c'était la première fois que j'écoutais de la musique". L'année suivante, il fait la couverture de Time Magazine et de Newsweek. Par la suite, le succès ne se démentira pas. L'Amérique venait de trouver son porte parole.

Un langage universel engagé

La stratégie de Springsteen n'est pas anodine : quoi de mieux pour se faire entendre que d'utiliser une musique qui parle à chacun et que tout le monde apprécie. Folk, rock, musique traditionnelle irlandaise, les styles sont multiples. A cela s'ajoute des sujets engagés tels que les conflits internationaux, la politique et l'économie. Déjà en 1975 avec Born to Run, Springsteen n'hésite pas à remettre en question la position de l'establishment américain.
Malheureusement, la position du musicien a parfois été détournée. Georges Bush père a notamment dénaturé son célèbre tube Born in U.S.A. en l'utilisant comme hymne de campagne en 1988. Comme Springsteen le déclare bien souvent, Born in U.S.A. dénonce en réalité les conséquences de la guerre du Vietnam. Plus récemment, l'artiste s'est illustré en condamnant dès 2002 les intentions d'intervention américaine en Irak de Georges W. Bush.