Pourquoi on adore regarder “Emily in Paris” et d’autres séries qu’on déteste ?

Emily in Paris, trois mots qui suffisent à arracher un profond soupir d’exaspération à bien des amateurs de séries.

Le pitch de cette production de Netflix ? C’est simple : une Américaine expatriée dans la Ville Lumière vit un triangle amoureux “avec un beau Français qui ne sait pas jouer et un bel Anglais qui ne sait pas jouer. […] Sa patronne est méchante :- (”, résume le quotidien britannique The Guardian.

Or malgré un scénario toujours aussi peu alléchant, à peine sortie la quatrième saison de la série caracole en tête du top Netflix.

Ce qui soulève une interrogation, relève The New York Times : qu’est-ce qui nous pousse à regarder – jusqu’au bout, en plus – des séries insipides et énervantes ?

À l’heure où l’offre culturelle est foisonnante, pourquoi préférer s’agacer sur des intrigues téléphonées, où les mauvais acteurs se succèdent pour échanger des répliques au mieux kitsch, au pire franchement rasoir ?

Pour Alissa Wilkinson, critique de cinéma dans le quotidien américain, plusieurs choses expliquent ce “hate-watching” qui profite à des séries comme Emily in Paris.

Lily Collins dans la quatrième saison de “Emily In Paris”. “Il y a tellement de choses à voir, à faire, à entendre, à lire : pourquoi perdre un temps précieux à critiquer une mauvaise série à une époque où les médias sont presque infinis ?” s’interroge Alissa Wilkinson dans le “New York Times”.. Photo STEPHANIE BRANCHU/NETFLIX @ 2024
Lily Collins dans la quatrième saison de “Emily In Paris”. “Il y a tellement de choses à voir, à faire, à entendre, à lire : pourquoi perdre un temps précieux à critiquer une mauvaise série à une époque où les médias sont presque infinis ?” s’interroge Alissa Wilkinson dans le “New York Times”.. Photo STEPHANIE BRANCHU/NETFLIX @ 2024

D’abord parce qu’il y a quelque chose d’exaltant à critiquer une série qui a échoué à nous séduire en tant que spectateur.

Car, pour qui ne s’en tiendrait pas au premier épisode et poursuivrait l’aventure, la déception cède vite la place à une occupation nettement plus divertissante : regarder le programme en entier pour se délecter d’en faire la critique a posteriori.

“Je continue à regarder [ce genre de séries] mais seulement pour m’agacer de ce que je mettais autrefois sur le compte de la créativité : les incohérences de l’intrigue, les histoires d’amour improbables.”

Alissa Wilkinson, critique de cinéma pour le quotidien américain “The New York Times”

Lily Collins et Lucas Bravo, dans le rôles d’Emily et de Gabriel dans la quatrième saison d’“Emily in Paris”. 
Pour “The New York Times”, plus nous prenons l’habitude de regarder un programme pour le seul plaisir de le critiquer, plus cela nourrit une “approche négative du monde. Nous commençons à nous attendre à être en colère, voire à avoir envie de ressentir ce sentiment, et ce cynisme déborde sur bien d’autres domaines que nos seuls programmes audiovisuels. C’est amusant sur le moment, mais cela vous laisse une sorte de gueule de bois.”. Photo Stephanie Branchu/Netflix © 2024

En outre, pour les producteurs, “un globe oculaire est un globe oculaire, que le cerveau qui se trouve derrière soit inondé de dopamine ou d’adrénaline”, rappelle le quotidien américain.

Pour le dire autrement, les plateformes de streaming ont un objectif clair : que leurs contenus soient visionnés par le plus de monde possible.

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