Pour les experts français, la mort d'Arafat est naturelle

par Paul Taylor PARIS (Reuters) - Le rapport des experts français qui ont analysé la dépouille de Yasser Arafat dans le cadre d'une enquête menée en France conclut à une mort naturelle et non à un empoisonnement, ont déclaré mardi la veuve de l'ancien leader palestinien et le parquet de Nanterre. "A ce stade, en l'état des analyses effectuées et des pièces figurant au dossier, les experts concluent à l'absence d'un empoisonnement au polonium 210 de Monsieur Arafat", précise le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) dans un communiqué. Souha Arafat a jugé ces conclusions contradictoires avec celles d'un précédent rapport remis début novembre par des experts suisses qui penchaient - sans certitude - pour un empoisonnement au polonium 210, une substance mortelle à très faible dose. Le rapport suisse n'a pas été commandité par les trois juges d'instruction de Nanterre (Hauts-de-Seine) qui instruisent une information judiciaire pour assassinat de Yasser Arafat à la suite d'une plainte contre X déposée en France par sa veuve. "Je fais évidemment confiance à la justice et à la science dès lors que tous les experts parviendront à s'accorder", a dit Souha Arafat lors d'une conférence de presse à Paris, après avoir reçu le rapport français, qui ne sera pas publié. Elle a précisé avoir demandé en conséquence à son avocat français, Pierre-Olivier Sur, de faire en sorte que l'expertise suisse soit versée à la procédure française "en vue d'une analyse croisée des deux rapports". Le parquet de Nanterre a précisé que l'information judiciaire se poursuivait et que les magistrats instructeurs étaient "dans l'attente du retour d'investigations qu'ils ont ordonnées". "BOULEVERSÉE" "Vous pouvez imaginer comme je suis bouleversée par les contradictions des meilleurs experts européens", a dit Souha Arafat, estimant que les deux collèges s'accordaient sur la présence d'un taux anormal de polonium et de plomb 210. Toutefois, les experts français l'expliquent par la présence de gaz radon dans la tombe où était enterré Yasser Arafat. "Les mesures de polonium 210 et des autres substances radioactives réalisées sur les prélèvements biologiques effectués sur le corps sont compatibles avec une origine environnementale naturelle et n'apportent pas d'éléments en faveur de l'incorporation aiguë d'une activité de polonium 210 ou autre substance radioactive susceptible d'entraîner une évolution fatale", dit le rapport en conclusion. La veuve de Yasser Arafat avait lors de la remise du rapport suisse estimé qu'il corroborait la thèse de l'empoisonnement, bien qu'un troisième rapport, établi cette fois par la Russie, faisait état d'une insuffisance de preuves. "Nous n'avons aucun doute que le rapport le plus exhaustif et minutieux qui a étudié tous les aspect de ce dossier reste le rapport suisse", a déclaré Saad Djebbar, un de ses avocats. Yasser Arafat est mort à l'âge de 75 ans après une courte et mystérieuse maladie le 11 novembre 2004 à l'hôpital militaire de Percy, à Clamart (Hauts-de-Seine), où il avait été transféré avec l'accord d'Israël après avoir été isolé par l'armée israélienne dans son QG de Ramallah. Aucune autopsie n'a été pratiquée à l'époque, à la demande de sa veuve, et les médecins français qui l'ont soigné se sont déclarés incapables de déterminer la cause du décès. Mais une vingtaine de prélèvements ont été effectués après l'exhumation du corps en novembre dernier à Ramallah et des échantillons distincts ont été confiés à des équipes de médecins légistes français et suisses, ainsi qu'à une équipe d'experts russes, invités par les Palestiniens. Avec Gérard Bon et Nicolas Bertin, édité par Sophie Louet