Potentielle inéligibilité de Le Pen: Bertrand dénonce un "grand numéro d'hypocrisie" du RN
"Atteinte à la démocratie", "acharnement", "manœuvre politique"... Autant de réactions entendues du côté de l'extrême droite auxquelles Xavier Bertrand ne souscrit pas, après les réquisitions formulées par le parquet lors du procès du Rassemblement national ce mercredi 13 novembre.
Non, le président LR des Hauts-de-France, adversaire bien connu du parti d'extrême droite - qui s'est opposé à l'hypothèse de sa nomination comme Premier ministre cet été - voit plutôt dans cette séquence un "grand numéro d'hypocrisie".
"La démocratie, c'est le respect de la justice"
La peine d'inéligibilité de cinq ans réclamée par le parquet, en plus de celle de cinq ans de prison (dont deux de prison ferme)? "Qu'on arrête avec le déni de démocratie", de faire comme si le Rassemblement national (RN) "ne serait pas capable de présenter un candidat", enjoint Xavier Bertrand sur RTL ce jeudi 14 novembre. "Ils ont un candidat de rechange, il s'appelle (Jordan) Bardella, il n'attend que cela".
"La démocratie, c'est aussi le respect de la justice", ajoute l'ancien ministre du Travail. Avant de rappeler qu'en 2004, au moment du procès d'Alain Juppé dans le dossier des emplois fictifs du RPR, dans lequel le potentiel candidat à la présidentielle avait été touché par une peine d'inéligibilité, Marine Le Pen avait estimé qu'"il y en a marre de ces élus qui détournent de l'argent".
L'affaire concernant cette dernière est celle des soupçons d'emplois fictifs au Front national, devenu Rassemblement national en 2018, visant à détourner l'argent du Parlement européen au bénéfice du parti. En plus de Marine Le Pen, et sa formation d'extrême droite, 24 autres personnes sont jugées.
Mercredi, l'accusation a souligné que le "système" mis en place, qui s'est "renforcé" avec l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti en 2011, est "inédit" par sa durée, le "montant" des détournements (4,5 millions) et son "caractère organisé, systématisé".
Darmanin "n'aurait pas dû dire ça"
Au-delà de l'extrême droite, Marine Le Pen a pu bénéficier du soutien de Gérald Darmanin. Ce dernier jugeant qu'"il serait profondément choquant" que la leader du RN "soit jugée inéligible et, ainsi, ne puisse pas se présenter devant le suffrage des Français."
Proche de l'ancien ministre de l'Intérieur, pour lequel il a non seulement "de l'estime", mais aussi de "l'affection", Xavier Bertrand prend ses distances: "Il n'aurait pas dû dire ça." "Ou alors, il va au bout de sa pensée et dépose une proposition de loi pour supprimer l'inéligibilité. En attendant, la loi existe. Elle s'applique à tous et personne n'est au-dessus des lois."