Dans un port du Maryland, une compétition de “créneaux de l’extrême”
Nous sommes dans la baie de Chesapeake, à la fin de l’été. Un bateau de pêche au crabe fait marche arrière avant de s’engager dans un passage très étroit, et de s’arrêter à quelques centimètres du quai.
À toute vitesse, le pilote se met alors à lancer des cordages autour de deux bittes d’amarrage. Lorsque son petit bateau est enfin garé, il saute de joie : il vient de remporter la course d’amarrage du Maryland.
Devenus aussi populaires que les tournois de tracteurs ou de rodéos, ces “créneaux de l’extrême” attirent les foules, raconte The New York Times.
Ces compétitions se déroulent chaque été dans une dizaine de villes du littoral entre le Maryland et la Virginie, sur la côte est. À Chesapeake, cela dure depuis 1971.
Né “du besoin irrépressible chez les marins-pêcheurs de tout transformer en compétition”, le boat docking leur permet de crâner un peu, s’amuse le quotidien new-yorkais, en prouvant leur dextérité lors de l’amarrage.
À l’époque, “le grand plateau de crabes en mue” était la seule récompense. Désormais, les gagnants peuvent prétendre à un pactole de plusieurs milliers de dollars en une seule journée.
Jake Jacobs, l’heureux capitaine du très rapide Outlaw, a même confié au New York Times qu’il pouvait gagner jusqu’à 10 000 dollars en une seule saison.
Souvent, l’argent provient des sponsors de ces engins, des entreprises d’aménagement paysager ou de construction, le plus souvent locales.
Même chose du côté du merchandising et de la vente : plutôt que de consommer des bières classiques, c’est l’Orange Crush, une boisson typique de la côte du Maryland, qui coule à flots.
Le New York Times s’amuse aussi des styles très locaux des pilotes : à St. Michaels, les polos teintes pastel s’accordent aux chassures de bateau, tandis qu’à Taylors Island, une autre ville du circuit, on se veut plus “country”, avec “casquettes des Baltimore Orioles et chaussures Crocs style camouflage”.
Pour les marins-pêcheurs de Chesapeake, cet événement est un vrai coup de pouce financier, autant qu’un soutien moral, pour inciter à poursuivre une activité en déclin. Le nombre de titulaires d’une licence de pêche a diminué au fil du temps, notamment à cause “d’un durcissement des réglementations et du vieillissement de la main-d’œuvre”.
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