Des pompiers renvoyés pour avoir refusé de raser leur barbe, le Conseil d'État rejette leur pourvoi

Sept pompiers qui avaient été renvoyés de leur caserne car ils refusaient de raser leur barbe ont été déboutés par le Conseil d'État, comme le rapporte le Progrès. Ils demandaient l'annulation de leur renvoi, décidé par le SDIS en février.

Tout avait commencé le 8 février au sein de la caserne de la Terrasse à Saint-Étienne (Loire). Des sapeurs-pompiers ont été mis au ban par leur hiérarchie car ils refusaient de raser leur barbe avant de partir en intervention. Ils ont été affectés à des missions éloignées du terrain contre leur gré. La direction du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) de la Loire, alors contactée par BFMTV.com, disait vouloir protéger ses agents de la toxicité des fumées auxquelles ils sont exposés devant un feu.

Les pompiers mis à pied

Selon la direction, la note de service n°20-13 du règlement intérieur de la caserne mentionnait que "le masque de protection respiratoire" porté en intervention "doit être porté sur une peau rasée afin de garantir une étanchéité optimale et prévenir les fuites de nature à mettre en danger le sapeur-pompier".

Une semaine plus tard, d'après la décision du Conseil d'État, le SDIS a informé ces pompiers barbus qu'ils n'auraient plus le droit d'exercer leurs fonctions tant qu'ils se présenteraient au service en portant la barbe.

L'argument de la sécurité peinait en février à convaincre le pompier et délégué syndical Sud Rémy Chabbouh, lui-même barbu. "Ce raisonnement ne tient pas car on porte des cagoules en tissu sous nos casques et nos tenues de feu; On nous met la pression alors que notre peau n'est pas censée être en contact direct avec le masque", avait-il dit à BFMTV.com. Selon lui, "le problème ne vient pas des barbes en elles-mêmes, mais plutôt du fait d'avoir désobéi à un ordre hiérarchique".

Des demandes rejetées

Les pompiers avaient demandé au juge des référés du tribunal administratif de Lyon de suspendre l'exécution de la consigne de rasage au sein de la caserne et de permettre leur réintégration au service. Des demandes rejetées en mars, ce qui les a menés devant le Conseil d'État, la plus haute juridiction administrative en France. Celui-ci a tranché le 18 octobre en faveur du SDIS et de la direction de la caserne.

Le Conseil d'État a estimé qu'"il suffisait aux intéressés de se conformer à l'instruction donnée par leur hiérarchie" pour réintégrer leurs fonctions et ainsi percevoir de nouveau une rémunération. Il a également affirmé que les pompiers n'avaient pas prouvé les conséquences "graves et immédiates" qu'entraînerait pour eux le fait de se raser la barbe, puisqu'ils avaient simplement invoqué "en termes généraux une atteinte à leur droit au respect de leur vie privée".

D'autres pompiers barbus ont déjà contesté cette interdiction à travers la France. Dans certains cas, comme en Seine-et-Marne en 2020, la justice leur a donné raison. Dans d'autres, comme dans le Pas-de-Calais en juin, leurs demandes ont été rejetées.

Article original publié sur BFMTV.com