Pompiers poursuivis pour "atteinte sexuelle" : la requalification en "viol" rejetée en appel

la cour d'appel de Versailles. (Illustation) - Patrick Janicek - flickr - CC
la cour d'appel de Versailles. (Illustation) - Patrick Janicek - flickr - CC

La cour d'appel de Versailles (Yvelines) a rejeté ce jeudi la demande de requalification en "viol" des faits présumés d'"atteinte sexuelle" commis par des pompiers sur une mineure en 2009, a annoncé l'avocat de la jeune femme.

"Aujourd'hui, la chambre de l'instruction a considéré malgré nos conclusions, nos explications, les faits, qu'il n'y avait pas eu de viol", a déclaré Jean Tamalet à l'issue de l'annonce, à huis clos, du délibéré.

Elle a jugé que les trois pompiers poursuivis à l'heure actuelle "devaient être renvoyés pour être jugés devant le tribunal correctionnel pour le délit d'atteinte sexuelle, considérant dès lors que la victime avait consenti aux actes qu'elle avait subis", a-t-il ajouté.

Un pourvoi en cassation envisagé

Cette décision "ne fait pas honneur à la justice française dans sa conception de ce qu'est un viol et démontre une fois encore que nous avons un retard énorme dans l'écoute des victimes en la matière et de ce qu'est un consentement à un acte sexuel", a-t-il poursuivi, indiquant envisager un pourvoi en cassation.

À l'époque des faits, en 2009, Julie (prénom d'emprunt utilisé par la partie civile) avait 14 ans et suivait un traitement médicamenteux lourd pour de fréquentes crises de spasmophilie et de tétanie. Son état de santé nécessitait de nombreuses interventions des pompiers; plus de 130 entre 2008 et 2010.

Selon la défense, Julie aurait contacté certains d'entre eux grâce aux réseaux sociaux, une version formellement contestée par la mère de l'adolescente.

"On va continuer à se battre pour Julie"

Au total, elle a eu des rapports sexuels avec environ vingt pompiers, tous âgés d'une vingtaine d'années, pour la plupart en poste à la caserne de Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine).

Elle a entretenu une relation suivie avec l'un d'entre eux pendant près d'un an, mais a dénoncé des rapports non consentis, notamment un après-midi chez ce pompier qui se trouvait avec deux collègues.

Ces trois pompiers avaient été initialement mis en examen pour viol sur mineure, une infraction passible des assises, mais en juillet 2019 le juge avait finalement requalifié les faits en "atteinte sexuelle" et ordonné le renvoi de ces trois hommes en correctionnelle. Cette décision avait provoqué la fureur de la famille et de ses soutiens.

"On va continuer à se battre pour Julie, contre ce déni terrible de justice", a déclaré jeudi Corinne Leriche, la mère de la jeune femme qui est désormais âgée de 25 ans. "Julie a besoin qu'on lui rende sa dignité, de reprendre sa vie, que ça s'arrête".

Article original publié sur BFMTV.com