Pompeo rejette les critiques nord-coréennes, poursuit les négociations

par David Brunnstrom et Tim Kelly

TOKYO (Reuters) - Mike Pompeo a rejeté les accusations de la Corée du Nord selon lesquelles Washington a présenté à Pyongyang des exigences "dignes de gangster" à l'issue d'une journée et demie de pourparlers, le secrétaire d'Etat américain assurant dimanche qu'il poursuivrait les discussions en vue de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

A l'issue d'une rencontre à Tokyo avec ses homologues japonais et sud-coréen, le chef de la diplomatie des Etats-Unis a déclaré qu'il y avait encore beaucoup de travail à faire avant d'arriver à l'objectif de dénucléarisation, tout en se disant confiant de voir le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un s'en tenir à son engagement d'abandonner le programme d'armes nucléaires du pays.

Lors du sommet historique du 12 juin entre Kim Jong-un et le président américain Donald Trump, le premier a promis qu'il allait "œuvrer à la dénucléarisation de la péninsule coréenne", sans en définir les modalités ni le calendrier tandis que le second a promis en échange des "garanties de sécurité" et la fin des manoeuvres militaires américano-sud-coréennes.

Mike Pompeo a rencontré les ministres des Affaires étrangères japonais et sud-coréen, Taro Kono et Kang Kyung-wha pour leur pour leur rendre compte de sa visite en Corée du Nord, qu'il a considérée comme positive, à la différence de ses interlocuteurs nord-coréens.

"Quand nous leur avons parlé de dénucléarisation, ils n'ont pas reculé. Le chemin devant nous s'annonce difficile (...) et nous savons que des voix critiques vont s'efforcer de minimiser le travail déjà accompli", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Le chef de la diplomatie américaine avait auparavant estimé avoir progressé sur "presque toutes les questions centrales" en un jour et demi de discussions vendredi et samedi, tandis que la Corée du Nord a accusé samedi les Etats-Unis d'avoir présenté des exigences "dignes de gangsters" en matière de dénucléarisation.

DIFFICILE DE NÉGOCIER AVEC LA CORÉE DU NORD

"Les discussions de haut niveau, cette fois-ci, nous ont conduits dans une situation dangereuse où notre volonté d'arriver à une dénucléarisation, qui a été ferme et solide, pourrait s'émousser, alors qu'il faudrait que la confiance se renforce entre la Corée du Nord et les Etats-Unis", a déclaré un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères cité par l'agence de presse officielle KCNA samedi.

Avant de se rendre en Corée du Nord, Mike Pompeo avait déclaré qu'il souhaitait obtenir certaines précisions à propos des engagements de la Corée du Nord pris lors du sommet historique entre Donald Trump et Kim Jong-un.

En se rendant à Pyongyang, la capitale nord-coréenne, Mike Pompeo voulait se mettre d'accord avec ses interlocuteurs sur au moins une première liste de sites nucléaires et un inventaire qui pourrait être vérifiés par rapport aux renseignements disponibles, ont déclaré des responsables du renseignement américain à Reuters.

Les commentaires négatifs de la Corée du Nord après la rencontre avec Mike Pompeo sont comme une piqûre de rappel de la difficulté éprouvée par de précédentes administrations américaines à négocier avec Pyongyang.

Des rapports des services secrets américains suggèrent que la Corée du Nord n'a pas l'intention de renoncer complètement à son programme nucléaire.

(Avec la contribution de Nobuhiro Kubo, Danielle Rouquié et Benoît Van Overstraeten pour le service français)