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Pologne: Vaste manifestation pour le droit à l'avortement à Varsovie

POLOGNE: VASTE MANIFESTATION POUR LE DROIT À L'AVORTEMENT À VARSOVIE

par Alicja Ptak et Pawel Florkiewicz

VARSOVIE (Reuters) - Des dizaines de milliers de manifestantes et de manifestants venus de toute la Pologne ont convergé vendredi à Varsovie pour dénoncer une décision du Tribunal constitutionnel conduisant à l'interdiction quasi totale de l'avortement dans le pays.

Bravant les restrictions limitant à cinq personnes les rassemblements pour freiner l'épidémie de coronavirus, la foule a envahi les rues du centre de la capitale polonaise, munie de parapluies noirs, symbole des militants pro-IVG, ou de pancartes où l'on pouvait lire "Dieu est une femme", entre autres slogans.

La police militaire s'était déployée dans les rues au départ de la manifestation à 16h00 GMT.

Les organisateurs ont estimé à quelque 100.000 le nombre de manifestants.

Ce rassemblement est le plus important à ce jour depuis l'invalidation, le 22 octobre, par le Tribunal constitutionnel polonais d'une disposition autorisant l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en cas de malformation du foetus.

Des dizaines de milliers de personnes protestent déjà quotidiennement contre cette décision et perturbent les services religieux dans ce pays à prédominance catholique dirigé par le parti ultraconservateur Droit et Justice (PiS).

Vendredi à Varsovie, des groupes d'extrême droite favorables à l'arrêt du Tribunal constitutionnel se sont également réunis par petits groupes dans la ville, les policiers s'efforçant de les tenir à distance des manifestants pro-IVG.

Les autorités ont déclaré qu'elles prévoyaient de poursuivre les organisateurs des manifestations pour des raisons de santé publique, le Premier ministre Mateusz Morawiecki ayant exprimé la crainte que ces rassemblements ne favorise la propagation de l'épidémie due au nouveau coronavirus.

Cinq personnes ont déjà été inculpées jeudi pour avoir organisé une manifestation d'environ 850 personnes dans la ville de Police, a déclaré la police régionale.

Marta Lempart, qui dirige le mouvement Strajk Kobiet ("grève des femmes"), l'un des organisateurs du rassemblement, a appelé les protestataires à signaler toute agression et à s'opposer aux amendes ou aux poursuites judiciaires qui pourraient être décidées à leur encontre pour leur participation à ces rassemblements.

"Nous ne faisons rien de mal en manifestant et en descendant dans la rue", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse.

Les manifestations visent particulièrement le PiS ainsi que la puissante Eglise catholique, accusés d'avoir pesé sur la décision du Tribunal constitutionnel.

Le président polonais Andrzej Duda a tenté de calmer le jeu vendredi en proposant l'adoption d'une loi rétablissant la possibilité d'une interruption volontaire de grossesse en cas de malformations "létales" du foetus.

(Marcin Goclowski, Joanna Plucinska, Pawel Florkiewicz et Justyna Pawlak; version française Dagmarah Mackos et Jean-Stéphane Brosse)