En Pologne, le gouvernement donne des conseils pour favoriser l’IVG et contourner sa quasi-interdiction
Le pays dirigé par Andrzej Duda a l’une des législations les plus restrictives d’Europe en matière d’avortement. L’IVG y est interdite, sauf à quelques exceptions près.
Quand l’État vous aide à contourner ses propres lois. Alors que l’arsenal juridique sur l’IVG est très restrictif en Pologne, le gouvernement a partagé ce vendredi 30 août des conseils aux procureurs et aux médecins pour favoriser l’application de l’avortement. L’IVG n’est autorisée en Pologne que si la grossesse résulte d’une agression sexuelle ou d’un inceste, ou si elle constitue une menace directe pour la vie ou la santé de la mère. Toute aide à l’avortement est proscrite.
Journée des droits des femmes : en Pologne, le retour du droit à l’avortement se fait attendre
« Comme nous ne pouvons pas ouvrir grand le portail (...) nous ouvrons des portillons », pour changer l’approche sur ce sujet de la part des procureurs et des médecins, a déclaré le Premier ministre polonais, Donald Tusk, à la presse. La coalition gouvernementale a en effet essayé de faire voter le 12 juillet un texte dépénalisant l’aide à l’avortement, mais n’a pas obtenu un soutien suffisant au sein du Parlement.
Avec la mise en place des nouvelles directives, les médecins « auront le sentiment que lorsqu’ils se rangent du côté de la femme, le bureau du procureur sera du même côté et non plus du côté de ces dispositions (légales)… sans cœur », a ajouté Donald Tusk. Selon les groupes polonais de défense des droits des femmes, la loi interdisant l’assistance à l’avortement, un acte passible de trois ans de prison, a eu un effet dissuasif sur les médecins, qui craignent de procéder à une IVG même s’il existe des motifs légaux de le faire.
Prime Minister @DonaldTusk during a press conference at #KPRM: With great relief, I can say that we are not and will not be helpless, and that the state will increasingly stand on the side of women when they make those dramatic decisions in their lives. (...) We are looking for… pic.twitter.com/dBGXVmc6Pv
— Chancellery of the Prime Minister of Poland (@PremierRP_en) August 30, 2024
Le président s’oppose à l’IVG
Le gouvernement a donc présenté des recommandations pour contourner ces restrictions. À titre d’exemple, la ministre de la Santé, Izabela Leszczyna, a souligné que la loi en vigueur « ne précise pas qu’elle se réfère à la santé physique ». Elle a signalé qu’une menace pour la santé mentale d’une femme devrait donc désormais être considérée aussi comme un motif suffisant pour interrompre une grossesse.
La semaine dernière, le Premier ministre de la coalition de centre droit avait admis qu’il n’y avait « tout simplement pas de majorité » au parlement pour tenir la promesse de son parti d’autoriser le recours à une IVG jusqu’à la douzième semaine de grossesse. « Ne nous faisons pas d’illusions », avait-il reconnu.
Mais même si le gouvernement parvenait à faire voter les réformes, il se heurterait à l’opposition du président conservateur Andrzej Duda, qui a fait savoir qu’il ne les signerait pas. Le président est un catholique conservateur allié au parti d’opposition nationaliste PiS. Il avait déjà mis son veto à une loi visant à rétablir l’accès sans ordonnance à la contraception d’urgence.
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