Pollution au Pakistan: les écoles fermées dans la province la plus peuplée
Le Pendjab, où vivent plus de la moitié des 240 millions de Pakistanais, ferme jusqu'au 17 novembre les écoles, collèges et lycées de ses principales villes étouffées par une pollution atmosphérique qui atteint des records inédits.
La province avait déjà fermé cette semaine les écoles primaires de sa capitale, Lahore, et interdit en son centre les touk-touks polluants, les barbecues et certains chantiers de construction pour tenter de réduire le smog.
Ses 14 millions d'habitants sont pris depuis une semaine dans ce mélange de brouillard et d'émissions polluantes favorisé par les émanations de diesel bas de gamme, les fumées des brûlis agricoles saisonniers et le refroidissement hivernal.
"Au vu des prévisions des vents et de l'indice de qualité de l'air, les écoles de Gujranwala, Lahore, Faisalabad et Multan passeront aux cours en distanciel jusqu'au 17 novembre", a annoncé Marriyum Aurangzeb, ministre du gouvernement du Pendjab, frontalier de l'Inde et qui compte la plupart des grandes villes du pays où un tiers des habitants ont moins de 20 ans.
Elle a précisé qu'à Lahore seule, plus de 900 personnes, dont des enfants et des personnes âgées, avaient été hospitalisées en raison de la pollution mardi.
"Tout le monde a un rhume ou de la fièvre, les hôpitaux sont bondés", rapporte Mohammed Youssef, banquier de 50 ans. "Les malades doivent attendre longtemps dans la queue".
- "Droit à respirer de l'air pur" -
"Quand je suis arrivée à Lahore pour mes études, j'ai eu des problèmes respiratoires", témoigne de son côté Ayishm Ahmed, 22 ans.
"J'ai développé de l'asthme, j'avais mal à la poitrine, je toussais tous les jours et mes allergies ont empiré", détaille-t-elle à l'AFP.
Elle a finalement quitté à contre-coeur la ville pour finir ses études à Islamabad, où elle assure que ses soucis de santé ont disparu.
"A Lahore, la pollution nous touche toute l'année. Tout le monde devrait avoir le droit de respirer de l'air pur et de voir le soleil", martèle-t-elle.
Le Pendjab a déjà appelé les habitants en particulier "ceux souffrant de maladies respiratoires, pulmonaires et cardiaques, les personnes âgées" à "ne pas sortir de chez eux". S'ils sortent, ils doivent "obligatoirement porter des masques".
Car la dangerosité du smog est avérée, répète l'OMS, particulièrement chez les enfants, près de 600 millions d'entre eux étant exposés à une pollution élevée en Asie du sud selon l'Unicef.
Une exposition prolongée à ce brouillard de pollution peut provoquer accidents vasculaires cérébraux, maladies cardiaques, cancers du poumon et maladies respiratoires.
Selon une étude de l'Université de Chicago, la pollution élevée a déjà fait chuter l'espérance de vie à Lahore de 7,5 années.
- Cours en distanciel -
"Les cours en distanciel ne sont pas synonymes de vacances", a précisé la ministre du Pendjab. Mais moins de la moitié des Pakistanais avaient un accès internet en 2023, selon le site DataReportal.
L'hiver dernier, les heures de classe y avaient été réduites à cause du smog, les vacances prolongées et les masques rendus obligatoires.
Et durant l'été, toutes les écoles de la province avaient été fermées en raison de la canicule. Vingt-six millions d'élèves avaient alors été privés d'enseignement.
Mercredi, l'indice de la qualité de l'air "a franchi la barre des 1.100" dans le Pendjab, a déclaré Mme Aurangzeb , alors que l'air est considéré comme "dangereux" lorsque cet indice dépasse 300.
La concentration des microparticules polluantes PM2.5 est actuellement 20 fois supérieure à celle jugée acceptable par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les autorités pakistanaises disent devoir composer depuis une semaine avec des vents venus d'Inde, également régulièrement prise dans le smog en fin d'année.
Des images satellites de la Nasa montrent de nombreux feux des deux côtés de la frontière où les agriculteurs procèdent en cette saison à des brûlis agricoles.
New Delhi et Islamabad, qui recourent massivement aux énergies polluantes, s'accusent mutuellement de créer de la pollution sur le sol du voisin.
Le smog est particulièrement marqué en hiver, lorsque l'air froid, plus dense, retient au niveau du sol les émissions des carburants de mauvaise qualité utilisés pour alimenter les véhicules et les usines de la ville.
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