La politique, "c'est destructeur": Nicolas Hulot n'a "plus l’énergie pour rentrer dans une campagne"

L'ancien ministre d'État a estimé avoir "essayé" et avoir "été convaincu qu'(il) n’avait pas et qu'(il) n’aurait pas" les moyens pour mener à bien sa tâche.

À quelques mois de l'élection présidentielle, sa voix aurait pu avoir un impact fort. Ancien ministre de la Transition écologique et solidaire ainsi que candidat à la primaire présidentielle écologiste de 2011, il est peu de dire que Nicolas Hulot est fourbu aux affres de la politique. Pourtant, alors qu'est organisée ces prochaines semaines une nouvelle primaire des écologistes, ce dernier a expliqué auprès de BFMTV pourquoi il ne souhaitait pas y prendre part.

"En tant que président de ma fondation, je ne prends pas parti pour quoi que ce soit. Ce que je souhaite c’est que l’écologie soit le centre de gravité de la campagne. Aujourd’hui certains partis pensent que le mot écologie est de la compromission", commence-t-il, lors d'une interview accordé dans le cadre de la diffusion de notre enquête "Climat, l'apocalypse".

Mais, au fil de la discussion, l'ancien ministre fait plus généralement état de la fatigue et de l'usure qu'ont provoqué ses batailles politiques.

"Je n’ai plus l’énergie pour rentrer dans une campagne. La politique, en soi, c’est usant, destructeur, d’une violence inouïe. Mais à quoi ça sert? J’ai tout essayé. J’ai été candidat, ça ne s'est pas bien passé, j'ai été ministre et voilà, je passe mon tour. J’ai donné, je continue à agir parfois dans l’ombre, je nourris les uns et les autres et j'espère que quelqu'un va sortir dans la modernité. Ce que je dis est probablement inaudible, je ne me sens plus dans l’aventure personnelle", estime-t-il.

"Toute décision devait passer par Matignon ou l’Elysée"

 

En ce qui concerne l'engagement politique, Nicolas Hulot est d'ailleurs revenu sur son expérience de ministre au sein du gouvernement d'Edouard Philippe, duquel il a démissionné le 4 septembre 2018. "Je n'ai pas eu le pouvoir", explique-t-il d'un ton amer.

"J’ai été aux manettes de commandes qui ne tiraient sur rien, qui ne commandaient rien. Toute décision devait passer par Matignon ou l’Elysée. Vous êtes à l’écologie vous devez avoir les manettes de l’agriculture. Ce n’est pas simplement l’adaptation d’un modèle, ça ne doit pas être que dans un ministère dépourvu de moyens. J’ai espéré faire mais si on ne donne pas les moyens en hommes, (les moyens) économiques et les prérogatives? J’ai essayé mais j’ai été convaincu que je (ne les) avais pas et que je n’aurais pas", attaque-t-il.

Interrogé sur le fait d'avoir été "trahi" durant son passage au gouverment, Nicolas Hulot cherche à tempérer. "Non je n'emploie pas des mots comme ça. La période est trop complexe pour ajouter de la complexité. On en fait pas assez, ni la France ni personne."

"J’essaie d’éviter de commenter les commentaires. J’ai pris une décsion car je trouvais qu’on n'en faisait pas assez, pas d’harmonisation. J’en ai tiré les leçons. J’essaie d’être objectif, dans la communauté internationale on n'est pas le plus mauvais élève, et l’Europe n'est pas la moins ambitieuse. La question est 'est-ce qu‘on en fait suffisemment par rapport à ce qui a été fixé à Paris'. Non?", tacle-t-il encore.

"Il faudrait un vice-premier ministre de la Transition écologique"

Pour autant, Nicolas Hulot ne souhaite pas accabler sa remplaçante, Barbara Pompili, qui est la quatrième à occuper ce poste durant le mandat d'Emmanuel Macron avec les passages de François de Rugy et d'Élisabeth Borne.

"Pompili a des succès, beaucoup d’énergie, mais arrêtons de nous mentir, tant que ce ministère n’aura dans sa forme ses attributions la possibilité d’influer sur tout... Il faudrait un vice-premier ministre de la Transition écologique qui pourrait influer sur tout", assure-t-il.

Pour en revenir à la prochaine primaire écologiste, prévue fin septembre, Nicolas Hulot estime qu'"on va être dans la proposition, les moyens, on va mettre un projet avec une méthode et une voie". Cependant, l'ancien ministre, assez fataliste tout au long de son entretien, semble là encore faire preuve d'un certain pessimisme.

"Je ne suis pas résigné, je me suis toujours gardé de la résignation, mais je ne suis plus naïf. On a eu l’occasion de faire une révolution à l’amiable et on l’a loupé. Il y a un principe, de l’anthropie, le combat entre l’ordre et le chaos, et j’aurais aimé que l’ordre l’emporte", conclut-il.

Article original publié sur BFMTV.com

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