Des policiers passent à tabac un homme en garde à vue, les images « insoutenables » indignent la gauche
Des élus condamnent vivement ces images de vidéosurveillance révélées par « Libération », où l’on voit un individu se faire frapper dans un commissariat parisien.
VIOLENCES POLICIÈRES - Le visage en sang, un avant-bras fracturé, des hématomes sur tout le corps… Un homme de 42 ans a vécu une nuit d’enfer le 25 juillet dernier dans un commissariat parisien. Les images de vidéosurveillance, révélées ce jeudi 19 septembre par le journal Libération, sont édifiantes et montrent un homme affaibli sur qui plusieurs agents s’acharnent, sans discernement.
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Selon le récit de nos confrères, cet homme, de nationalité péruvienne, avait été interpellé à l’occasion d’un contrôle d’identité dans la soirée pour outrage. Il lui est notamment reproché d’avoir insulté très violemment un gendarme. Emmené au commissariat des Ve et VIe arrondissements de Paris, il a alors subi des coups répétés, des clés de bras et des gifles. L’un des agents se montre particulièrement revanchard sur les images puisqu’il utilise sa matraque télescopique pour frapper l’individu au niveau du ventre, d’une épaule et de la tête. Au-delà de ceux qui brutalisent l’homme, les policiers présents dans la salle ne réagissent pas. Pire, certains en rient.
La révélation de ces images a choqué de nombreux internautes et indigné une partie du monde politique, surtout à gauche. « Ces images sont d’une violence inouïe. Elles sont insoutenables. Toute la lumière devra être faite sur cette affaire, et des sanctions devront être prises », s’indigne le sénateur communiste Ian Brossat. Le député LFI Bastien Lachaud s’insurge aussi contre ces « coups, blessures et humiliations » qui se produisent, souligne-t-il, « sous les rires de collègues qui ont menti pour se couvrir ». L’élu insiste : « Et les mêmes vont encore répéter que nous sommes anti-police parce que nous dénonçons ces violences ? Nous ne nous tairons pas. Il faut réformer la police de la cave au grenier. »
« Sadisme ordinaire »
Une référence aux propos passés de Jean-Luc Mélenchon qui, en juin 2022, avait déclaré : « La police tue. » Une jeune femme venait d’être tuée par un policier, alors qu’elle était passagère d’un véhicule qui ne s’était pas arrêté pour un contrôle de routine. Depuis, ces trois mots sont souvent reprochés au leader insoumis, y compris à gauche.
« Sans la vidéo, (le quadragénaire péruvien) aurait peut-être été accusé de violence contre les policiers avec le témoignage à l’appui de tous les collègues, assure pour sa part le député LFI Carlos Martens Bilongo. Nous avons besoin d’une police républicaine qui rassure et protège nos concitoyens, pas d’une police qui fait usage de violences injustifiées. » À ce propos, selon la retranscription faite par Libé, l’un des policiers mis en cause est revenu, devant l’IGPN, sur ses propos et a avoué avoir menti pour couvrir son collègue. Un autre, resté passif face au déchaînement de violence, a expliqué : « Je craignais qu’on puisse me reprocher au sein de la brigade d’être faible, de ne pas soutenir les collègues. »
Le 25 juillet, l’homme de 42 ans a été conduit à l’hôpital où ses blessures ont été évaluées à trente jours d’incapacité totale de travail. Il a porté plainte dès le lendemain. Comme à chaque fois dans ce genre d’affaire, le parquet de Paris a ensuite saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Auprès de Libération, la préfecture de police de Paris indique qu’une enquête administrative est en cours. « Les violences de la police contre des citoyens sont intolérables. L’impunité n’a pas sa place dans un État de droit », tonne ce jeudi la députée écologiste Sophie Taillé-Polian.
Pour le député LFI Arnaud Saint-Martin, ces « sévices » commis dans « l’indifférence des quelques collègues qui ne participent pas à ce sadisme ordinaire et décomplexé » sont « intolérables ». « Les violences policières sont systémiques », dénonce aussi son collègue insoumis Thomas Portes. « Vous pensiez que ça n’arrivait qu’aux autres. C’est au cœur de Paris. C’est de plus en plus souvent. Il faut tout reprendre à zéro », considère de son côté le député LFI Aurélien Saintoul.
L’individu violenté a passé des radios, qui ont confirmé qu’il souffre d’une fracture de l’ulna, l’un des os de l’avant-bras. Il porte encore un plâtre.
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