Polar – Le nouveau coup de maître d’Ivy Pochoda
« La femme a été jetée-là, la gorge tranchée, un sac en plastique sur la tête. » Ce n'est ni la première ni la dernière victime d'une série de meurtres qui se répand dans un quartier mal famé de Los Angeles mais, exceptionnellement, cela n'a aucune importance. Ivy Pochoda, jeune écrivaine américaine, prodige du roman noir par sa singularité, découverte dans Route 62 (Liana Levi), n'a pas pris la plume pour fouiller l'âme du tueur en série, ni sa personnalité ni son mode opératoire, encore moins pour tenter d'expliquer l'inexplicable. Non. Pochoda se glisse dans la vie – et dans la tête – de celles qui restent. La mère d'une des victimes en 2014, Dorian. Sa meilleure copine, Julianna. Marella, artiste subversive qui tente de saisir en images l'angoisse, au quotidien, suscitée par la violence de la rue. Essie, l'officier de police qui enquête sur de nouveaux meurtres faisant écho à ceux survenus quinze ans plus tôt. Enfin, le cas de Feelia,rescapée de peu en 1999. Un roman noir choral, féminin, qui tourne en orbite autour du crime sans en faire l'objet. Brillant.
Ces femmes-là, d'Ivy Pochoda. Traduit de l'anglais (États-Unis) par Adélaïde Pralon (Globe, 392 pages, 23 €).
L'extrait qui tue :
« C'était donc ce que j'étais en train de faire quand ce mec a commencé à me vanter son vin sud-africain de mes deux et à me dire que la merde que je buvais allait faire que me rendre soûle et me filer la gueule de bois et est-ce que je voulais pas goûter son pinard et voil [...] Lire la suite