Polémique après une parodie d'Indochine jugée transphobe à la télévision belge

Un sketch caricaturant la chanson 3e sexe d'Indochine, diffusée à la télévision belge il y a une semaine, s'est attiré les foudres de téléspectateurs qui l'accusent de relents transphobes. Le CSA belge, "saisi d'un grand nombre de plaintes", a annoncé ouvrir une instruction.

Les membres d'Indochine ont eux-mêmes pris la parole mercredi pour réagir à ce sketch: "Indochine a découvert la vidéo parodique affligeante de l’émission Le Grand Cactus de la RTBF et apporte tout son soutien à la communauté LGBT+", peut-on lire dans un communiqué de presse transmis par leur maison de disques à 20 minutes.

Tout commence le 19 septembre sur le plateau du Grand cactus, une émission de la chaîne francophone Tipik. Lors d'une séquence humoristique, les comédiens Damien Gillard et Cécile Giroud interprètent à leur sauce ce tube emblématique des années 1980, grimés en Nicolas Sirkis et Rahim Redcar (ex-Christine & The Queens), qui avaient repris ce titre en duo en 2020.

Le 3e sexe appelle à la transgression des carcans liés au genre. Dans leur parodie intitulée Le 128e sexe, Damien Gillard et Cécile Giroud semblent à l'inverse décrédibiliser les revendications des personnes transgenres et non-binaires, les caricaturant à l'extrême:

"Garçon, fille ou thé à la menthe / Peu m'importe, je suis non-genrée", chante Cécile Giroud. "Je suis une fille ou un héron", poursuit-elle, avant que son acolyte ne lui réponde: "Moi, un lapin qui se sent poisson."

"Suis-je une femme, ou Brigitte Macron?", chantent-ils encore, surfant sur la rumeur conspirationniste selon laquelle la Première dame française serait née homme. Cette théorie a valu une condamnation pour complicité de diffamation publique à deux femmes à la mi-septembre.

Polémique instantanée

Cette séquence d'un peu plus de trois minutes a rapidement suscité des commentaires indignés sur les réseaux sociaux. Notamment de la part d'Alvita, dernière gagnante en date de Drag Race Belgique, diffusée elle aussi sur Tipik.

"Si la transphobie est une 'valeur' que vous prônez, alors je vous rends mon titre volontiers", a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux, comme le rapporte Ouest France.

Le quotidien précise que la RTBF, le service public francophone belge, a d'abord réagi en assurant n'avoir eu "aucune volonté de nuire ou de cibler de façon irrespectueuse les personnes transgenres et non-binaires" tout en maintenant sa volonté de "continuer à défendre la liberté d’expression". Mais la controverse a pris un nouvelle ampleur lundi 23 septembre lorsque le Conseil supérieur de l'audiovisuel belge (CSA) a annoncé l'ouverture d'une instruction après avoir "été saisi d'un grand nombre de plaintes".

"Le Secrétariat d’instruction du CSA (...) examine à ce stade le contenu de la séquence pour évaluer s’il porte atteinte (au) décret audiovisuel relatif à la discrimination dans les programmes", déclare-t-il dans un communiqué.

Mea Culpa

Si de nombreux internautes s'expriment pour défendre ce sketch, la RTBF a présenté ses excuses mercredi soir dans une publication Instagram: "La RTBF exprime ses regrets les plus sincères à toutes les personnes qui ont été heurtées par cette séquence", déclare-t-elle.

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Elle fait part, en outre, de sa volonté de prendre des mesures: "Pour y apporter les réponses à la mesure de la situation, il est indispensable de mener un dialogue approfondi avec les représentants des associations de la diversité. La RTBF communiquera sur les mesures concrètes quand ce travail aura été mené. La RTBF réaffirme son engagement en faveur de la lutte contre les discriminations, qui est et reste une valeur cardinale pour notre média."

L'équipe du Grand Cactus, enfin, a réagi avec un texte rappelant les paroles de J'ai demandé à la lune, tube d'Indochine, pour exprimer ses "sincères regrets":

"J’ai demandé à la lune / Pourquoi ensemble on ne riait pas / Elle m’a montré ses brûlures / Ses cicatrices et ses combats / Alors, je n'ai plus trop fière allure / Car l'intention n'était pas là / Mais la parodie, je n'en connais aucune / Qui n’écorne ou ne transgresse pas."

Article original publié sur BFMTV.com