Des poissons agressifs, symptômes du bouleversement de l’environnement marin

Ces dernières années sur les côtes tunisiennes, à Sousse, au cap Bon, à Bizerte et sur d’autres plages encore, si vous restez immobiles quelques minutes dans une mer calme, il y a de fortes chances que vous ressentiez des mordillements plutôt douloureux dans les pieds et les jambes : ce sont des petits poissons qui viennent se nourrir de la peau humaine et à propos desquels les témoignages, parfois amusés, parfois sidérés, sont de plus en plus nombreux.

Mais au-delà du confort du baigneur, ce phénomène fait partie d’un bouleversement écologique majeur, dont l’un des symptômes est l’apparition en mer Méditerranée d’espèces de plus en plus agressives pour l’homme, mais surtout pour l’écosystème.

Parmi les poissons qui mordent les baigneurs, il y a le sar, nous dit Sami Mhenni, ingénieur en chef en sciences de la mer et président fondateur de Houtiyat, une association d’étude et de recherche sur les poissons. Pour lui, il s’agit d’un poisson méditerranéen qui, dans le passé, n’attaquait pas les gens en si grand nombre et avec autant de hargne.

Ce comportement nouveau chez cette espèce normalement friande de crustacés et de mollusques s’expliquerait par plusieurs facteurs : la hausse de la température de l’eau due au réchauffement climatique, la surexploitation des ressources maritimes, le bouleversement de l’écosystème marin, les transports commerciaux, la navigation touristique et les forages offshore entre la Tunisie et l’Italie. Autant de raisons au détraquement de ces bancs de poissons.

“Des scientifiques avancent que le sar, menacé dans son habitat naturel, exprime son stress par le développement d’un comportement agressif. Toute perturbation de l’environnement où vit un poisson peut provoquer des réactions dans son comportement. Il peut même changer physiquement. Et quand l’environnement sur les côtes tunisiennes devient chaud, sale, appauvri et bruyant, c’est normal que certaines espèces réagissent mal”, assure l’ingénieur.

Explosion du nombre d’espèces exotiques

Alors l’agressivité des poissons va-t-elle empirer proportionnellement à la dégradation environnementale ? Ce qui est sûr, c’est que les indicateurs scientifiques ne sont pas très optimistes. Le phénomène ne se limite pas à la Tunisie.

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