Pour une poignée de taulards

Malgré un scénario ingénieux, le thriller de Byun Sung-hyun souffre d’une réalisation trop convenue.

Corée du Sud contemporaine, quelque part entre un centre d’incarcération et l’inframonde de la Korean Mob. Huyn-su, jeune arriviste et gueule d’ange intrépide qui se raconte arraché à un gang d’arnaqueurs (joué par la K-pop star Yim Si-wan), obtient les faveurs et l’affection de Jae-ho, homme de main d’un chef de gang passé caïd débonnaire en prison (joué par Seol Kyeong-gu, visage identifié dans les films de Lee Chang-dong). Entre les deux, une relation éminemment ambiguë et étonnamment tendre va naître dont le récit minutieusement chinoisé de Sans pitié, élastique et baladeur comme dans tout bon thriller contemporain qui se respecte, va révéler les zones d’ombres et les faux-semblants par milliers : la police cherche à faire tomber un gros bonnet, le gros bonnet voudrait éliminer l’ancien protégé devenu concurrent embarrassant, le concurrent se met dans la poche un policier infiltré qui ne sait plus à quel saint vouer son honneur bafoué…

Présenté ce printemps à Cannes en Séance de minuit, le troisième long métrage de Byun Sung-hyun (après une comédie musicale sur le rap coréen et une comédie romantique, toutes les deux inédites hors de Corée) a bénéficié de la meilleure vitrine en Europe pour un film de genre coréen puisque c’est là que les distributeurs ont découvert Dernier Train pour Busan de Yeon Sang-ho l’an passé avant qu’il ne vienne concurrencer sur leur terrain les blockbusters américains de l’été.

Plus médiocre dans sa plastique (musique et mise en scène évoquent sans effort le tout-venant EuropaCorp), Sans pitié a d’autres atouts en poche qui pourraient en faire un petit succès : l’indiscutable ingéniosité de son scénario lardé de coups de théâtre comme le public revenu de tout de l’époque en raffole, et le terrain de cinéma très balisé - Byun Sung-hyun cite Scorsese ou Johnnie To sans sourciller - où il étend sa trame de bassesses et trahisons mêlées. (...)

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