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Poignée de mains Obama-Castro au sommet des Amériques

Le président américain Barack Obama et son homologue cubain Raúl Castro ont échangé vendredi une poignée de mains éminemment symbolique lors de la cérémonie d'ouverture du sommet des Amériques. /Photo prise le 10 avril 2015/REUTERS/Présidence de Panama

par Matt Spetalnick et David Alire Garcia PANAMA (Reuters) - Le président américain, Barack Obama, et son homologue cubain, Raúl Castro, ont échangé une poignée de mains éminemment symbolique vendredi lors de la cérémonie d'ouverture du sommet des Amériques, moins de quatre mois après le début du processus de normalisation entre les Etats-Unis et Cuba annoncé conjointement le 17 décembre. Une photo les montre tous deux vêtus d'un costume sombre s'adressant la parole parmi les chefs d'Etat et de gouvernement. Un membre de la délégation américaine a confirmé qu'il y avait eu un bref échange. "Il s'agissait d'un échange informel et il n'y pas eu de conversation substantielle", a-t-il déclaré. Les deux hommes doivent se rencontrer plus formellement samedi, a précisé Ben Rhodes, conseiller présidentiel adjoint à la sécurité nationale. Leur entrevue et la perspective du rétablissement des relations bilatérales rompues en 1961 vont largement éclipser les autres sujets à l'ordre du jour de ce septième sommet des Amériques, qui se tient jusqu'à samedi à Panama. "Au fil de nos progrès dans le processus de normalisation, nous aurons des divergences (...) avec Cuba sur de nombreux sujets, comme c'est le cas avec d'autres Etats des Amériques et avec nos plus proches alliés", a averti Barack Obama avant la cérémonie d'ouverture. "Les jours où nos projets dans cet hémisphère partaient du principe que les Etats-Unis pouvaient s'ingérer dans les affaires d'autrui en toute impunité sont révolus", a-t-il toutefois ajouté. Hormis pour de brèves rencontres informelles, aucun tête-à-tête américano-cubain au niveau présidentiel n'a eu lieu depuis la révolution castriste de 1959, mais Barack Obama et Raúl Castro s'étaient déjà serré la main le 10 décembre 2013 à Johannesburg, lors des obsèques de Nelson Mandela. SOIGNER L'AMPOULE Le président colombien, Juan Manuel Santos, s'est félicité que son homologue américain ait décidé de soigner "l'ampoule" qui fait souffrir toute la région depuis un demi-siècle. Son homologue vénézuélien, Nicolas Maduro, adversaire déclaré des Etats-Unis, s'est lui aussi réjoui de ce rapprochement qui permet à Cuba de siéger pour la première fois au sommet des Amériques. "Le fait que Cuba soit là est une formidable réussite pour l'Amérique latine et les Caraïbes", a-t-il dit. "Quand Raúl a pris place sur cette chaise, qui revient de plein droit à Cuba, ce sont soixante ans de révolution qui ont pris place." A la veille du sommet, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, et le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, ont eu jeudi soir dans un hôtel de Panama un entretien sans précédent à ce niveau de responsabilité depuis 1958. Ils ont fait le point pendant plus de deux heures sur le processus de normalisation. Au-delà des gestes symboliques, Cuba attend cependant avec impatience d'être rayé de la liste américaine des Etats promoteurs du terrorisme. Cette mesure a d'ores et déjà été recommandée par le département d'Etat, a indiqué jeudi un membre de la commission sénatoriale des Affaires étrangères, et Barack Obama devrait donner rapidement son feu vert. On ignore cependant s'il le fera pendant le sommet de Panama. Quant à l'embargo américain en vigueur contre Cuba, seul le Congrès, majoritairement républicain, est habilité à l'annuler. (Pierre Sérisier, Jean-Philippe Lefief et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)