La poignée de main Erdogan-Sissi à Doha, l’ultime revirement diplomatique de la Turquie

C’est une poignée de main lourde de symboles. Les présidents égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et turc Recep Tayyip Erdogan se sont brièvement rencontrés le 20 novembre à Doha, au Qatar, jour d’ouverture de la Coupe du monde de football. Cette poignée de main, sous le patronage qatari, enterre un cycle de la politique étrangère turque amorcé lors des printemps arabes.

En pleine montée en puissance sur la scène régionale, Ankara avait alors tenté de jouer sur les bouleversements à l’œuvre dans la région pour faire avancer ses intérêts. Une démarche également teintée d’idéologie, de velléités néoottomanes et de sympathie pour les mouvements issus de l’islam politique.

À ce titre, le coup d’État de 2013 en Égypte et le renversement du Frère musulman Mohamed Morsi avaient été vécus comme un traumatisme par Ankara. Les relations diplomatiques entre les deux pays ont officiellement repris en avril dernier avec la nomination d’un ambassadeur turc au Caire, mais la tension restait forte.

Inquiétude des opposants égyptiens réfugiés en Turquie

La presse islamiste, à l’instar du quotidien Yeni Akit, ne cache pas son émotion : “Je me suis effondré en voyant cette photographie, au nom de tous les musulmans du monde”, écrit un éditorialiste, qui ne pousse pas la critique jusqu’à remettre en cause la décision du président Erdogan : “Au moins, lui a résisté pendant neuf ans, autant qu’il a pu.”

Le journal progouvernemental Star vole au secours du reis turc face au raïs égyptien :

“Cette poignée de main ne signifie pas qu’Erdogan a vendu les Frères musulmans ou oublié le sacrifice de Morsi comme l’insinuent certains.”

Une stratégie qui ne convainc pas le quotidien Cumhuriyet, qui critique la série de virages diplomatiques entamés ces deux dernières années par le chef de l’État.

“La politique d’Erdogan dans la région vis-à-vis de l’Égypte, des Émirats, de l’Arabie saoudite ou d’Israël, dictée par des motifs idéologiques et religieux, nous a coûté cher sur le plan diplomatique et économique, et a poussé certains de ces pays à s’allier avec Athènes. Maintenant nous changeons enfin de cap mais qui va payer la facture ?” s’interroge le journal.

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