Les Houthis du Yémen tirent des missiles sur Ryad, un mort

par Marwa Rashad, Sarah Dadouch et Abdulrahman al-Ansi

RYAD/SANAA (Reuters) - Les rebelles chiites houthis qui contrôlent le nord du Yémen et la capitale Sanaa ont promis lundi de continuer à tirer des missiles sur l'Arabie saoudite tant que la coalition mise en place il y a trois ans par Ryad poursuivra ses bombardements aériens.

Les forces saoudiennes ont annoncé avoir détruit trois missiles au-dessus de Ryad dimanche peu avant minuit. Des débris sont tombés sur une maison, faisant un mort et deux blessés, tous des Egyptiens.

Khattab Gamal, un électricien égyptien de 27 ans qui vit dans la maison de Ryad atteinte par les débris, a raconté à Reuters qu'il avait été réveillé en sursaut, tout comme ses quinze colocataires, par de violentes explosions.

"Nous avons compris que quelque chose était tombé sur la chambre où dormait Abdulmuttalib. Il y avait trois autres personnes avec lui, qui ont pu sortir, mais on s'est vite rendu compte qu'il n'était pas là".

"Il y avait beaucoup de poussière et on suffoquait, on n'a pas pu lui porter secours", a poursuivi le témoin interrogé par téléphone. "Quelques minutes plus tard, les hommes de la défense civile ont pu le dégager mais il était déjà mort."

La défense aérienne saoudienne a également intercepté des missiles qui visaient les villes de Nadjran, Djizane et Khamis Mouchaït, dans le sud du royaume, a précisé le porte-parole de la coalition, le colonel Tourki al Malki.

Le département d'Etat américain a condamné ces tirs de missiles.

A Sanaa, la capitale yéménite, un haut responsable politique du mouvement houthi a salué lundi matin cette attaque menée à la veille du troisième anniversaire de l'entrée en guerre de l'Arabie saoudite et de ses alliés arabes.

UN CONFLIT QUI A FAIT 10.000 MORTS

Devant une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes, Saleh al Samad s'est réjoui des avancées de la technologie militaire de son mouvement.

"S'ils veulent la paix, comme nous l'avons déjà dit, qu'ils arrêtent d'abord leurs bombardements aériens et nous, nous arrêterons nos tirs de missiles", a-t-il affirmé. "S'ils poursuivent leurs bombardements, nous avons le droit de nous défendre avec tous les moyens à notre disposition."

L'agence de presse yéménite Saba, qui est sous le contrôle de miliciens houthis, a rapporté qu'un missile Burkan H2 avait visé l'aéroport international Roi-Khaled de Ryad.

La coalition anti-houthis conduite par les Saoudiens a mené en trois ans de nombreuses frappes aériennes au Yémen, faisant des centaines de victimes civiles, notamment dans des hôpitaux, des écoles et des marchés.

Le conflit a fait environ 10.000 morts, selon les Nations unies. Il a déplacé plus de trois millions de personnes et menace d'une famine généralisée le pays le plus pauvre de la péninsule arabique.L'an dernier, les Houthis, qui sont appuyés par l'Iran, ont tiré en direction de Ryad plusieurs missiles qui ont été interceptés et n'ont pas fait de victimes. La coalition arabe a riposté en imposant un blocus aux zones rebelles, partiellement levé après les protestations de l'Onu.

Trois Français sur quatre (75%) souhaitent que la France suspende ses exportations d'armes vers les pays impliqués dans le conflit au Yémen, au premier rang desquels l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, selon un sondage YouGov pour l’organisation SumOfUs publié lundi.

(Avec Aziz El Yaakoubi; Eric Faye, Jean Terzian et Guy Kerivel pour le service français)