Nouvelle courte trêve près de Damas et Lattaquié

par Lisa Barrington et Jack Stubbs BEYROUTH (Reuters) - Le gouvernement syrien a annoncé vendredi un bref arrêt des combats près de Damas et dans la province de Lattaquié à partir de samedi, sans faire mention d'une trêve à Alep, où les combats sont les plus intenses. Le nouveau "régime de calme" commencera samedi à 01h00. Il durera 24 heures dans la capitale et dans ses faubourgs de la Ghouta orientale et 72 heures dans les zones rurales du nord de la province de Lattaquié, précise l'armée syrienne dans un communiqué. Les combats se sont intensifiés ces derniers jours dans ces deux secteurs. Le communiqué de l'armée ne parle pas d'Alep où les combats sont les plus meurtriers. Cette agglomération, qui était avant la guerre la plus grande ville de Syrie, est divisée en secteurs tenus par les rebelles et zones tenues par le gouvernement. Mercredi soir, une frappe aérienne sur un hôpital de la ville, l'hôpital Al Qods, a fait 50 morts, dont six médecins, selon un dernier bilan publié vendredi par Médecins sans frontières (MSF). D'après Kadri Djamil, un représentant de l'opposition syrienne cité par les agences de presse russes, la nouvelle trêve s'appliquera également à Alep. Aucune confirmation de cette information n'a pu être obtenue. Une source militaire syrienne a annoncé que cette trêve ne concernerait pas Alep parce qu'il y a "des terroristes qui n'ont pas cessé de frapper la ville et ses habitants", a dit cette source. "Il y a un grand nombre de martyrs à Alep, c'est la raison pour laquelle la situation est différente là-bas", a-t-elle ajouté. Damas décrit cette accalmie comme une tentative de sauver l'accord de "cessation des hostilités" mis en place en février qui ne concerne pas la lutte contre les djihadistes de l'Etat islamique et du Front al Nosra. Le régime syrien affirme que cela doit permettre une nouvelle série de négociations de paix à Genève mais le processus de trêve s'est pratiquement effondré ces derniers jours, comme d'ailleurs les pourparlers en Suisse. Le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, le prince Zeid Ra'ad Zeid al Hussein, a déclaré que le niveau de violence "était remonté aux niveaux constatés avant la cessation des hostilités". "Il y a des informations très perturbantes de renforcements militaires indiquant des préparatifs d'escalade meurtrière", a déclaré le Haut Commissaire. Ces informations sont la preuve "d'une indifférence monstrueuse pour les vies civiles de la part de toutes les parties au conflit", a-t-il ajouté. SOUS LES DÉCOMBRES Les Nations unies ont appelé Moscou et Washington à travailler à restaurer l'accord de cessation des hostilités pour empêcher l'effondrement du processus de paix, qui a été interrompu cette semaine à Genève avec quasiment aucune avancée et le départ de l'opposition. Les Etats-Unis ont dit vendredi avoir ouvert des discussions avec la Russie afin de relancer le cessez-le-feu et le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue russe, Sergueï Lavrov, se sont entretenus au téléphone pour évoquer les modalités d'un rétablissement de la trêve. "Nous espérons relancer cet accord (...) nous pouvons raviver la dynamique en faveur d'une cessation la plus large possible des hostilités", a dit le porte-parole de la Maison blanche, Josh Earnest, lors d'un point presse. "C'est un test, que nous souhaitons voir réussir, cela ne concerne pas que Lattaquié et la Ghouta orientale mais également d'autres zones où nous percevons des problèmes ou des problèmes potentiels", a dit le responsable au sujet du projet de trêve. L'opposition syrienne a de son côté estimé que les violations de la trêve, imputables selon elle à l'armée syrienne, interdisaient toute reprise des négociations. Après une brève accalmie à l'aube, les frappes aériennes dans les quartiers d'Alep tenus par les rebelles et le bombardement des secteurs aux mains de l'armée syrienne ont repris vendredi matin. Au cours des sept derniers jours, les divers bombardements menés par l'armée syrienne dans les quartiers d'Alep tenus par les insurgés ont coûté la vie à 131 civils, dont 21 enfants, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée à Londres qui tente de dresser un bilan quotidien du conflit grâce à un réseau d'informateurs sur le terrain. Sur la même période, les bombardements rebelles de zones sous contrôle des forces gouvernementales ont fait 71 morts, dont 13 enfants, poursuit l'OSDH. (Avec Omar Fahmy et Peter Graff; Danielle Rouquié, Pierre Sérisier et Nicolas Delame pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)