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Les paysans en colère à Paris

Des milliers d'agriculteurs convergeaient vers Paris jeudi matin à bord de tracteurs, de bus et de voitures pour réclamer des aides supplémentaires et des réformes de fond face à la crise qui secoue le monde agricole. Aucune perturbation du trafic n'était à déplorer. /Photo prise le 3 septembre 2015/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - Des premiers tracteurs sont arrivés jeudi matin place de la Nation alors que des milliers d'agriculteurs convergeaient vers Paris à bord de tracteurs, de bus et de voitures pour réclamer des aides supplémentaires et des réformes de fond en vue de résoudre la crise qui secoue le monde agricole. Au total 1.365 tracteurs, 91 bus et 50 voitures transportant des agriculteurs étaient en route vers Paris en début de matinée, selon la préfecture de police de la capitale. La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), qui s'est déclarée confiante de pouvoir obtenir dès jeudi des engagements du gouvernement sur de nouvelles mesures d'aide, a de son côté comptabilisé 1.733 tracteurs au même moment et attend 5.000 agriculteurs à Paris. Aucune perturbation majeure du trafic n'était à déplorer, malgré quelques points bloquants, notamment sur l'autoroute A6, a précisé la préfecture, qui avait appelé les franciliens à utiliser les transports en commun. La circulation était même moins forte que d'autres jours. "Les gens en ont ras-le-bol. On a besoin de visibilité, d'un revenu décent pour faire vivre nos familles", a dit à Reuters Philippe Nivost, éleveur de bovins de 55 ans, qui s'exprimait devant deux vaches transportées place de la Nation. Pascal Méheut, en chemin sur l'A4 à bord de son tracteur, a dit attendre des avancées, et être déterminé. "On vend en dessous de nos coûts de production", a-t-il dit. "On attend vraiment un soutien de la part de l'Etat." RÉPONSE A LA HAUTEUR DES ENJEUX ? Les convois d'agriculteurs, qui empruntaient les autoroutes A1, A4, A6, A10 et A13, ont tous franchi les péages en début de matinée avant de prendre le boulevard périphérique pour rejoindre la place de la Nation. Un grand rassemblement y était prévu dans la matinée à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA). Une centaine d'agriculteurs se sont par ailleurs rendus à l'Assemblée nationale pour remettre leurs demandes aux députés. Une délégation de la FNSEA, qui entend "mettre Paris sous pression", sera reçue à Matignon à midi par le Premier ministre, Manuel Valls, et le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. Manuel Valls doit par la suite s'exprimer sur la crise qui traverse le monde agricole. Fin août, le ministre de l'Agriculture avait déclaré que le gouvernement envisageait d'augmenter les aides financières aux agriculteurs, après l'annonce d'un plan d'urgence fin juillet pour tenter d'enrayer la crise de l'élevage due au surendettement et à l'érosion des prix de vente. Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, a dit espérer pouvoir annoncer de nouvelles mesures de soutien dans l'après-midi place de la Nation. "Je reste confiant", a-t-il dit sur RTL. "Le Premier ministre aujourd'hui a pris la mesure des sujets, et je pense que les réponses seront à la hauteur des enjeux et des attentes que nous formulons." La FNSEA demande notamment des allègements de charges, des mesures de rééchelonnement ou de restructuration des dettes bancaires et un moratoire sur les normes, réglementations et décrets. (Chine Labbé et Gérard Bon, avec Sybille de la Hamaide, Lucien Libert et Gus Trompiz, édité par Yves Clarisse)