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La pleureuse chiite, cette rock star de la mort

Dans «May He Rise and Smell the Fragrance» d’Ali Chahrour, Hala Omran, telle une Beyoncé des larmes, puise la force de son chant dans la souffrance et le deuil.

Notre cerveau aurait-il buggé ? Par quelle interférence, alors que nous sommes en pleine montée dramatique, les pupilles immergées dans des abîmes de contemplation, capturées par ce plateau outre-noir dépouillé, pensons-nous subrepticement à Beyoncé ? On s’en est voulu. Et considérant le sujet de May He Rise, qui prend pour référence la célébration de l’Achoura pendant laquelle sont glorifiés les martyrs anciens et actuels de l’histoire arabo-musulmane, on a d’abord censuré nos pensées. Mais le jeune chorégraphe libanais Ali Chahrour ne nous a pas franchement aidés, en ordonnant peu à peu l’espace de son élégant sanctuaire de façon à surélever la féline et magnétique Hala Omran sur un piédestal en fond de scène, l’incitant à lâcher sa crinière noir de jais, à chanter seins nus, tandis que gisent au sol, sans qu’on puisse savoir s’ils sont morts, endormis ou envoûtés, les corps des hommes. May He Rise est un appel à la résilience et à la conjuration, qui semble perpétuellement jouer avec le dispositif du concert pop et son iconographie. Qu’il s’agisse de la glorification du corps féminin, de ces faisceaux de projos qui trouent l’obscurité embrumée ou de ces ouds frénétiquement grattés jusqu’à la transe.

Prêtresse. Les hommes sont donc souvent à terre, torses nus et queues de cheval. Ce sont les fils, indiquent les surtitres en français. Au-dessus d’eux, la mère chante, magnifiquement, et son chant les exhorte à ressentir le chagrin de la perte. A ne plus se priver des larmes. A lui confier leur souffrance. A prendre exemple sur elle, qui pleure et crie avec la voracité d’un fauve et se meut peu à peu en prêtresse mésopotamienne, en pop star de la souffrance. Un empowerment lacrymal, en quelque sorte, adressé à une société qui, pour des raisons religieuses, politiques, culturelles, associe plus qu’une autre (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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Festival de Figeac & Festival de Saint-Céré, 21 juillet-3 août et 18 juillet-18 août.