La planification écologique de Macron critiquée par toutes les oppositions (mais pas pour les mêmes raisons)

À gauche, on dénonce un plan trop peu ambitieux avec des promesses resucées. Au RN, on relativise le rôle de la France dans les émissions de gaz à effet de serre.

Du RN à EELV, chaque opposition a sa propre raison de tomber sur Macron après sa planification écologique
ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP Du RN à EELV, chaque opposition a sa propre raison de tomber sur Macron après sa planification écologique

POLITIQUE - Plan-plan. Le président de la République n’a pas satisfait grand monde en présentant les contours de sa planification écologique lundi 25 septembre depuis l’Élysée. Après les associations écolos, abasourdies par le manque d’ambition d’Emmanuel Macron, ce sont les oppositions qui montent au créneau.

Car à droite, comme à gauche, on a des choses à reprocher à la stratégie annoncée par le chef de l’État, une feuille de route censée permettre à la France de faire baisser ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030. Mais sans surprise, les critiques et arguments ne sont pas les mêmes entre les formations qui font de la transition écolo la colonne vertébrale de leur projet et ceux tentés par une forme de relativisme sur ces enjeux.

Les écolos sont donc les plus remontés. Invité de France 2 ce mardi, Yannick Jadot a fustigé un président de la République qui « n’est pas dans le bon tempo » ni la bonne ampleur. L’ancien candidat à la présidentielle, élu dimanche dernier au Sénat, estime notamment que « l’écologie à la française », vantée par Emmanuel Macron pour résumer son ambition, « c’est l’écologie condamnée par l’Union européenne. »

Les écolos : trop peu, trop tard

« Quand on entend le président de la République, au fond, il dit : ’on va refaire des réacteurs nucléaires pour 2040, 2045, 2050 pour avoir de l’électricité. On a un problème de mobilité ? On va faire l’avion vert, qui sera peut-être en service en 2050. On a un problème d’agriculture, d’eau ? Eh bien on va faire des mégabassines », a-t-il ainsi résumé, à sa façon, en accusant Emmanuel Macron de vouloir « filouter avec le dérèglement climatique. » « Il veut passer entre les gouttes, mais aujourd’hui c’est un torrent de boue », a encore cinglé Yannick Jadot. (À partir de 4’)

Au même moment, la cheffe des écolos Marine Tondelier dressait le même constat pessimiste sur Public Sénat. Si l’élue locale reconnaît dans les médias le travail fourni par les services de l’Élysée pour accoucher d’un constat « lucide, inédit », les solutions ne sont pas au rendez-vous selon elle.

« J’aurais adoré pouvoir venir me réjouir ce matin, en disant qu’on est sur la bonne voie, tout est sous contrôle. Malheureusement, ce n’est pas le cas », a-t-elle ainsi regretté, avant d’ajouter : « quand on entend les annonces d’Emmanuel Macron, on est forcément déçus. »

Pour étayer ses propos, Marine Tondelier cite deux exemples qui, selon elle, résument les ambitions limitées du locataire de l’Élysée : la fin des centrales à charbon promise dimanche soir, mais repoussée à maintes reprises jusqu’ici, et le glyphosate sur lequel Emmanuel Macron « régresse sur ses objectifs. » « Dans le plan, c’est écrit que l’on va baisser la dépendance au glyphosate de 30 % », a souligné Marine Tondelier, alors qu’il avait promis en 2017 d’en sortir complètement sous trois ans.

Quand le RN relativise

Dans ces conditions, les autres formations de gauche rejoignent les élus verts et les associations dans leur constat. « En matière écologique, les promesses de Macron fondent aussi vite que les glaciers » a ainsi regretté l’eurodéputée insoumise Manon Aubry sur les réseaux sociaux, dès lundi soir, infographie à l’appui.

De l’autre côté du spectre politique, l’heure n’est pas à l’engouement non plus. Pour répliquer, les dirigeants du Rassemblement national optent cependant pour une autre technique, loin de réclamer un grand soir écologique. Elle consiste, en somme, à décrédibiliser la parole présidentielle, tout en relativisant le rôle de la France dans le réchauffement climatique.

« Malheureusement avec Emmanuel Macron c’est le même film qui repasse inlassablement », a par exemple fustigé le député d’extrême droite Julien Odoul ce mardi sur franceinfo, en demandant au président de la République de mettre l’accent sur « l’urgence sociale », plus que sur sa planification.

« Je rappelle que la France est un des pays les plus vertueux en matière de transition énergétique, on représente à peine 0,9 % des émissions de gaz à effet de serre », a-t-il ainsi argué, en appelant Emmanuel Macron à regarder « ailleurs. » Le tout, en oubliant au passage, que ces chiffres d’émission sont bien moins reluisants si on les rapporte au nombre d’habitants par pays.

Sur la même ligne, la leader du RN Marine Le Pen expliquait pour sa part sur France inter, toujours ce mardi, que « personne n’a rien compris » à la stratégie d’Emmanuel Macron pour sa planification écologique. « Ce n’est pas une transition, c’est pour l’instant une destruction », a-t-elle fait valoir, en insistant sur son coût social. Avec, par exemple « la fin des moteurs thermiques » pour 2030 alors qu’« il n’existe pas à l’heure actuelle un moyen de les remplacer pour les Français. »

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