"Une plaie qui fait honte à l'humanité": Lula lance l'Alliance contre la faim au G20 de Rio
Le président brésilien, Lula, a lancé officiellement ce lundi 18 novembre l'Alliance globale contre la faim pour "éradiquer cette plaie qui fait honte à l'humanité", lors de son discours en ouverture du sommet du G20 à Rio de Janeiro.
Comptant 81 pays, "cette alliance naît au G20, mais elle est mondiale. Que ce sommet soit marqué par le courage d'agir", a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva, ancien ouvrier qui a grandi dans la pauvreté dans le Nord-Est brésilien.
L'Alliance globale contre la faim compte au total 147 membres: au-delà des nations signataires, l'Union européenne, l'Union africaine, 24 organisations internationales, neuf institutions financières et 31 ONG ont également rejoint ce groupe. Tous les pays du G20 y ont adhéré.
Un projet ambitieux
Le projet est ambitieux: atteindre un demi-million de personnes d'ici 2030, en donnant une dimension internationale au combat contre la faim et les inégalités. Mais le défi est gigantesque, si l'on prend en compte que 733 millions de personnes ont souffert de la faim en 2023, soit 9% de la population mondiale, selon le dernier rapport présenté en juillet par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et d'autres agences onusiennes.
"La faim n'est pas due aux pénuries ou aux phénomènes naturels (...), elle est le fruit de décisions politiques qui perpétuent l'exclusion d'une grande partie de l'humanité", a tonné Lula.
L'Alliance globale contre la faim vise à unir les efforts afin de dégager des moyens financiers ou de répliquer les initiatives qui fonctionnent localement. "Ce n'est pas juste un autre forum de discussion, c'est un mécanisme pratique pour canaliser les connaissances et les financements d'une façon efficace pour atteindre ceux qui en ont le plus besoin", explique Wellington Dias, ministre brésilien du Développement social, cité dans le communiqué sur le lancement de l'Alliance.
Une contribution de la BID
Parmi les engagements concrets déjà pris,la Banque inter-américaine de développement (BID) a annoncé vendredi une contribution de 25 milliards de dollars pour financer des programmes "pour accélérer les progrès dans la lutte contre la faim et la pauvreté de 2025 à 2030".
L'Alliance prétend notamment mettre l'accent sur des programmes d'aide à la nutrition dans la petite enfance, de cantines gratuites dans les écoles et de soutien des petits exploitants agricoles.
Rien qu'avec les programmes visant à augmenter le nombre de repas gratuits dans les établissements scolaires de pays pauvres, l'objectif est d'atteindre 150 millions d'enfants d'ici 2030.
Le gouvernement du Nigeria, déjà doté du plus important programme de repas en milieu scolaire d'Afrique, s'est engagé à doubler le nombre de bénéficiaires, de 10 à 20 millions d'enfants, en se fournissant notamment chez de petits fermiers locaux. L'Indonésie va pour sa part lancer en janvier 2025 un nouveau programme de cantines gratuites, qui a pour objectif d'atteindre 78,3 millions d'enfants scolarisés en 2029.
Cette Alliance "pourrait être un tournant" mais "elle doit aller plus loin", en se penchant "de façon urgente sur les impacts dévastateurs du changement climatique sur les systèmes alimentaires du Sud global", a réagi l'ONG Oxfam dans un communiqué.
Un combat personnel
Pour Lula, la lutte contre la pauvreté est un combat personnel. Enfant, il a lui-même connu la faim dans son Etat natal du Pernambouc (nord-est), avant de partir avec sa famille pour la capitale industrielle Sao Paulo, où il a longtemps travaillé comme tourneur-fraiseur et s'est fait connaître comme leader syndicaliste.
En juillet, au moment de présenter les contours de l'Alliance globale contre la faim avant une réunion des ministres des Finances du G20 à Rio, il était ému aux larmes en évoquant "la plus dégradante des privations humaines".
Ses programmes sociaux avaient permis de sortir des millions de Brésiliens de la pauvreté durant ses deux premiers mandats (2003-2010), notamment grâce à la Bolsa Familia, une allocation versée aux familles les plus modestes à condition que les enfants soient scolarisés.
Mais il bénéficiait alors du boom des matières premières, tandis que son gouvernement est soumis à des contraintes budgétaires beaucoup plus fortes depuis son retour au pouvoir en janvier 2023.