Publicité

"Triomphe" pour Poutine, désormais en mesure de rester au pouvoir jusqu'en 2036

TRIOMPHE" POUR POUTINE, DÉSORMAIS EN MESURE DE RESTER AU POUVOIR JUSQU'EN 2036

par Andrew Osborn et Vladimir Soldatkin

MOSCOU (Reuters) - Près de huit électeurs russes sur dix ont approuvé la révision constitutionnelle ouvrant la voie à un maintien de Vladimir Poutine au pouvoir jusqu'en 2036, un score présenté jeudi par le Kremlin comme un "référendum de confiance triomphal" pour le président russe mais rejeté par l'opposition, qui dénonce des fraudes.

La Commission centrale des élections a annoncé dans la matinée que 77,9% des électeurs avaient soutenu le projet de réforme constitutionnelle, avec un taux de participation de 65%, bien au-delà des 50% requis pour que la consultation soit validée.

Arrivé au pouvoir fin 1999 sous Boris Eltsine, l'ancien officier du KGB, qui aura 83 ans en 2036, pourra donc, s'il le désire, briguer un mandat de six ans à l'issue de sa charge actuelle, en 2024, et se représenter de nouveau en 2030.

Poutine, dont la longévité au pouvoir est sans égal à Moscou depuis Joseph Staline, n'a toujours rien dit de ses intentions, remerciant simplement les électeurs russes pour leur soutien et leur confiance. "Nous avons besoin de stabilité et de temps", a-t-il dit.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé pour sa part que le résultat du référendum, étalé sur sept jours pour limiter les risques de transmission du coronavirus, était "vraiment considéré comme un triomphe".

"Ce qui s'est produit est de facto un référendum de confiance triomphal envers Poutine", a-t-il ajouté.

"COUP D'ETAT CONSTITUTIONNEL"

D'après le centre indépendant d'étude de l'opinion publique Levada, le président russe reste populaire, avec 60% d'opinions positives, une cote toutefois très en deçà du record de près de 90% qu'il a atteint dans le passé.

La Commission centrale des élections a assuré que le vote avait été transparent et que les fonctionnaires avaient tout fait pour assurer son intégrité.

L'ONG Golos, spécialisée dans la supervision des processus électoraux, dit pour sa part avoir constaté de nombreuses irrégularités, y compris des bourrages d'urne et des votes sous la contrainte.

"Ce vote restera dans l'histoire de notre pays comme l'exemple d'une tentative d'empiéter sur la souveraineté du peuple", ajoute l'ONG, qui se dit dans l'incapacité de confirmer la véracité des résultats.

Alexeï Navalny, figure de l'opposition, a jugé le scrutin illégitime, illégal et taillé sur mesure pour assurer une présidence à vie à Vladimir Poutine. "Nous ne reconnaîtrons jamais ce résultat", a-t-il déclaré à ses partisans dans une vidéo.

Le gouvernement avait encouragé les électeurs à soutenir cette réforme, qualifiée de "coup d'Etat constitutionnel" par ses détracteurs, en leur promettant par tirage au sort des appartements et en organisant des campagnes de communication autour d'autres sujets populaires soumis au même référendum comme le maintien des retraites et l'interdiction de facto des mariages homosexuels.

L'Etat a également versé sur ordre de Vladimir Poutine une prime de 10.000 roubles (125 euros) aux parents au moment même où les Russes se rendaient aux urnes mercredi.

(avec Gabrielle Tétrault-Farber et Anton Kolodyazhnyy; version française Elena Smirnova et Henri-Pierre André, édité par Jean-Michel Bélot)