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Pilonnages israéliens sur Gaza, la maison de Haniyeh frappée

A Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. L'enclave palestinienne a subi sa nuit d'attaques les plus intenses depuis le déclenchement du conflit le 8 juillet, 70 cibles ayant été visées selon l'armée israélienne. /Photo prise le 29 juillet 2014/REUTERS/Ibraheem Abu Mustafa

par Nidal al-Mughrabi et Ori Lewis GAZA/JERUSALEM (Reuters) - L'armée israélienne a pilonné la bande de Gaza dans la nuit de lundi à mardi, quelques heures après une intervention télévisée de Benjamin Netanyahu annonçant que son pays devait se préparer à un conflit durable contre les activistes de l'enclave palestinienne, ce qui dissipe les espoirs de paix après 22 jours de combats. Un missile israélien a atteint dans la nuit la demeure d'Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas dans la bande de Gaza, provoquant des dégâts mais ne faisant aucune victime d'après le ministère gazaoui de l'Intérieur. Le fils d'Ismaïl Haniyeh a assuré qu'il n'y avait personne à l'intérieur lors de l'attaque. "Ma maison n'est pas plus précieuse qu'une autre maison de notre peuple", a déclaré Haniyeh, cité par un site du Hamas. "La destruction de pierres ne brisera pas notre volonté." Au moins trente personnes ont en revanche été tuées dans les assauts nocturnes israéliens, rapportent les habitants, dont onze personnes qui ont péri lors d'une frappe sur une habitation du camp de réfugiés de Boureidj, dans la ville de Gaza. Le territoire palestinien a subi sa nuit d'attaques les plus intenses depuis le déclenchement du conflit le 8 juillet. Selon l'armée israélienne, 70 cibles ont été visées. Tsahal a annoncé mardi matin la mort de cinq soldats tués dans une fusillade la veille contre des activistes qui étaient passés en Israël à partir d'un tunnel creusé sous la frontière de la bande de Gaza, près du kibboutz de Nahal Oz. Selon la radio militaire israélienne, le commando du Hamas a tiré une roquette RPG sur un groupe de soldats en poste dans une tour d'observation et essayé de ramener un corps par un tunnel vers la bande de Gaza, mais n'a pas pu le faire en raison des tirs israéliens, qui ont coûté la vie à un activiste. Depuis le 8 juillet, plus de 1.100 Palestiniens, majoritairement des civils, ont péri dans les affrontements, et Israël déplore la perte de 53 soldats et trois civils. "UNE LONGUE CAMPAGNE", PRÉVIENT NETANYAHU Le Hamas a annoncé que ses médias audiovisuels, la chaîne Al Aksa ainsi que la radio Al Aksa, avaient également été pris pour cibles durant la nuit. La chaîne a continué de diffuser, mais la station de radio a cessé d'émettre. Des témoins ont également rapporté que l'unique centrale électrique de Gaza avait été touchée, privant d'électricité la ville de Gaza et de nombreux autres secteurs de l'enclave. Visage sombre, le Premier ministre israélien a appelé lundi soir ses concitoyens à se préparer à une "longue campagne" dans la bande de Gaza. "Ce fut une journée difficile et douloureuse,", a déclaré Benjamin Netanyahu dans son allocution télévisée. "Nous devons nous préparer à une campagne longue, nous continuerons à agir avec force (...) jusqu'à ce que notre mission soit remplie". "Nous ne finirons pas la mission, nous ne finirons pas l'opération sans avoir neutralisé les tunnels qui ont pour seul but de détruire nos citoyens, tuer nos enfants", a souligné Benjamin Netanyahu. A la tombée de la nuit, lundi soir, des fusées éclairantes de l'armée israélienne ont illuminé le ciel de Gaza où l'on pouvait entendre d'intenses bombardements. L'armée avait demandé à des milliers de Palestiniens de quitter certains quartiers de la ville de de Gaza, prélude à des frappes. Un certain nombre de roquettes ont été tirées ces dernières heures de la bande de Gaza en direction de plusieurs secteurs du sud et du centre d'Israël, dont la région de Tel Aviv. Une de ces roquettes au moins a été interceptée par les missiles antimissiles du "Dôme de fer" israélien. On ne signalait ni dégâts ni victimes. A New York, Ban Ki-moon a déploré le manque de volonté politique des dirigeants des deux parties de résoudre le conflit, les exhortant à "faire preuve d'humanité". "C'est une question de volonté politique. Les dirigeants, israéliens comme palestiniens, doivent faire preuve d'humanité. Pourquoi ces dirigeants laissent-ils leurs populations se faire tuer par d'autres? Ce n'est pas responsable. C'est une faute morale". L'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique iranienne, a appelé les musulmans à armer les Palestiniens pour leur permettre de résister à ce qu'il a qualifié de génocide commis par Israël. (Marine Pennetier, Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)